(Actualisé précisions biographiques, réactions § 9-10-15-16)

par Lesley Wroughton

WASHINGTON, 16 avril (Reuters) - L'Américain Jim Yong Kim a été désigné lundi à la présidence de la Banque mondiale, que revendiquaient pour la première fois plusieurs pays émergents.

Né en Corée, Jim Yong Kim, dont la candidature avait été présentée par Washington, succédera le 1er juillet et pour cinq ans à son compatriote Robert Zoellick et maintient la prééminence américaine à la tête de cette institution financière internationale.

Expert des questions de santé publique, président du Dartmouth College, Jim Yong Kim, âgé de 52 ans, a été préféré à la Nigériane Ngozi Okonjo-Iweala, ex-ministre des Finances de son pays.

Contrairement aux élections précédentes, la décision n'a pas été prise à l'unanimité.

Les alliés de Washington en Europe occidentale, du Japon, du Canada et de plusieurs pays émergents (Russie, Mexique et Corée du Sud notamment) ont fait basculer la décision du conseil d'administration.

"Les derniers candidats en lice ont reçu le soutien de différents pays membres, reflétant le haut niveau des candidats", souligne le conseil d'administration dans un communiqué.

Depuis sa création, par les accords de Bretton Woods en 1944, la Banque mondiale a toujours été présidée par un Américain, la direction générale du Fonds monétaire international (FMI) allant à un Européen selon une règle de répartition non écrite mais qui n'avait pas été directement remise en cause jusqu'à présent.

SPÉCIALISTE DES QUESTIONS DE DÉVELOPPEMENT

A l'inverse de ses onze prédécesseurs, Kim n'est pas issu des milieux de la politique, de la banque ou de la diplomatie.

En choisissant ce médecin et anthropologue de formation, né à Séoul en 1959 et arrivé aux Etats-Unis avec sa famille à l'âge de cinq ans, le président américain Barack Obama avait surpris nombre d'observateurs. "Il est temps qu'un professionnel du développement dirige la plus importante agence mondiale de développement", avait-il expliqué.

Lundi, il a salué le choix des administrateurs de la Banque mondiale et s'est dit satisfait que le processus de désignation ait été "ouvert et transparent".

Ancien expert du sida à l'Organisation mondiale de la santé (OMS), dont il a dirigé le département VIH-sida, Jim Yong Kim s'est consacré à la lutte contre les maladies dans les pays pauvres, la tuberculose en Haïti ou au Pérou notamment. Il a également oeuvré contre l'épidémie du sida dans les prisons russes.

Le secrétaire américain au Trésor, Timothy Geithner, s'est félicité de sa désignation.

"Sa connaissance profonde des questions de développement conjuguée à son dévouement à nouer des consensus contribueront à insuffler un nouveau souffle dans les efforts de la Banque mondiale pour assurer une croissance économique rapide qui soit largement partagée", a-t-il dit dans un communiqué.

La candidature de la Nigériane Ngozi Okonjo-Iweala, une économiste et diplomate respectée, était appuyée elle par le Nigeria, l'Angola et l'Afrique du Sud.

Dans un communiqué, elle a félicité le nouveau président de la Banque mondiale et s'est dite impatiente de travailler avec lui. Mais elle estime également que le processus de désignation doit être amélioré.

"Pour moi, il est clair que nous devons le rendre plus ouvert, plus transparent et davantage fondé sur le mérite", écrit-elle. "Nous devons faire en sorte de ne pas contribuer à un déficit démocratique dans la gouvernance mondiale."

L'ancien ministre colombien des Finances Jose Antonio Ocampo s'était retiré de la course vendredi, regrettant que le processus de désignation du président de la Banque mondiale qui, disait-il, ne devrait qu'être fondé que sur les compétences et les mérites soit devenu une question hautement politique. (avec Glenn Somerville; Jean-Loup Fiévet, Marc Angrand et Henri-Pierre André pour le service français)