"Faute de pouvoir trancher entre EDF et GDF Suez pour la construction du deuxième EPR français, Nicolas Sarkozy réfléchit au lancement non pas d'un, mais de deux nouveaux réacteurs de dernière génération. Une façon de satisfaire les deux camps", selon Les Echos.

Pour le quotidien économique, "rien ne sera décidé avant trois semaines" mais "cette solution de compromis a bien été évoquée vendredi (16 janvier), lors d'un conseil de politique nucléaire convoqué par le chef de l'Etat".

La mise en chantier d'un deuxième EPR en France après celui de Flamanville (Manche) a été annoncée en juillet par Nicolas Sarkozy, qui a évoqué un éventuel début des travaux en 2011.

GDF Suez a déjà fait savoir qu'il préparait activement sa candidature pour ce projet, notamment en matière de finances et de recherche de sites.

EDF s'est pour sa part déjà déclaré candidat et l'électricien public semble prêt à défendre son emprise sur le nucléaire de nouvelle génération, dont il a fait la clé de son développement à l'international, notamment dans le cadre du rachat de British Energy et de la moitié des actifs nucléaires de l'américain Constellation.

Le 18 janvier, le Journal du Dimanche écrivait que Nicolas Sarkozy serait sur le point d'attribuer le deuxième réacteur nucléaire EPR à EDF, qui se verrait confier le chantier à Chooz (Ardennes), mais également que GDF Suez pourrait obtenir soit la construction d'un troisième réacteur EPR qui serait bâti sur le site de Tricastin, dans la vallée du Rhône, soit l'exploitation d'un réacteur construit par EDF.

Une décision sera prise sur au moins un nouvel EPR dans les prochaines semaines, a-t-on appris auprès de l'Elysée.

La réflexion de l'Elysée porte notamment sur la localisation du futur réacteur et sur le moyen de concilier les intérêts d'EDF et de GDF Suez, ce qui pourrait passer par un partage des investissements et des droits de tirage de l'électricité du futur réacteur au prix coûtant, a-t-on également appris.

GDF SUEZ S'ASSOCIERAIT À E.ON

Le P-DG d'EDF, Pierre Gadonneix, a déclaré jeudi que le groupe étudiait l'implantation d'un nouveau réacteur EPR sur quatre sites potentiels - Flamanville, Creys-Malville (Isère) Penly (Seine-Maritime) et Chooz - mais qu'il considérait ces deux derniers comme prioritaires.

Evoquant l'idée de droits de tirage, il a en outre déclaré à des journalistes, en marge d'un discours de Nicolas Sarkozy sur la recherche : "On partage déjà Flamanville avec Enel et Chooz avec Electrabel (filiale de GDF Suez, NDLR), et demain nous sommes encore prêts à le faire."

Pierre Gadonneix a en outre dit qu'il espérait qu'une décision sera prise avant la fin de l'année, avec un objectif de mise en service du 2e EPR français en 2017.

"Dans l'hypothèse où il se verrait confier la construction d'une centrale nucléaire, (GDF Suez) envisage d'associer au projet un électricien allemand. Des discussions en ce sens ont déjà été nouées avec le géant E.ON", selon Les Echos.

GDF Suez, qui a déjà fait savoir qu'il s'associerait à des industries fortement consommatrices d'électricité dans le cadre d'un 2e EPR en France, aurait quant à lui pris contact "avec le groupe de matériaux de construction Saint-Gobain ainsi qu'avec le sidérurgiste ArcelorMittal, déjà présent à ses côtés au tour de table d'une centrale en Roumanie".

Selon le site du quotidien Le Figaro, Total serait associé à GDF Suez pour ce projet. Total est déjà associé à GDF Suez et Areva pour vendre deux centrales EPR aux Emirats arabes unis.

Un porte-parole de Total a déclaré que le groupe pétrolier pourrait être intéressé par une part minoritaire dans ce projet d'EPR en France.

"Si on y va, notre but sera de prendre une part minoritaire", a-t-il dit. "Cette opportunité d'EPR nous permettrait de conforter notre position dans le cadre du partenariat avec GDF Suez sur le projet éventuel à Abou Dhabi".

Dans le cadre d'un partenariat pour le 2e EPR français, "l'un des schémas auxquels a réfléchi EDF, ces derniers mois, s'articulait autour d'un autre poids lourd du paysage énergétique : le russe Gazprom", estime de son côté Les Echos.

"La crise russo-ukrainienne a forcément éclipsé pour un temps ce projet. Mais l'idée de nouer un partenariat de long terme avec le géant gazier reste bien ancrée chez l'électricien français", ajoute le quotidien.

Des porte-parole d'EDF et de GDF Suez n'ont pas souhaité commenter ces informations.

Benjamin Mallet, Emmanuel Jarry et Yann Le Guernigou et Jean-Michel Bélot, édité par Jacques Poznanski