MADRID, 6 avril (Reuters) - Madrid respectera encore moins cette année qu'en 2015 son objectif de déficit public, a dit mercredi l'organisme indépendant en charge du contrôle du Budget, qui a appelé les autorités du pays à accentuer leurs efforts pour contrôler les dépenses.

L'Espagne a affiché un déficit public de 5,2% du produit intérieur brut (PIB) en 2015 contre un engagement de le ramener à 4,2% en raison de dépenses plus élevées que prévu par les régions et de recettes moindres qu'attendu de la Sécurité sociale.

Airef, l'organisme de contrôle budgétaire, a dit s'attendre à un déficit légèrement supérieur à 4% du PIB cette année contre un engagement de Madrid vis-à-vis de la Commission européenne de le ramener à 2,8%.

La Banque d'Espagne a dit la semaine dernière prévoir un déficit à 4,4% du PIB cette année.

"Nos finances publiques continuent de souffrir d'un déficit de crédibilité que nous devons combler par un programme budgétaire à moyen terme réaliste et crédible et des avancées sur le plan institutionnel", a déclaré le président de l'Airef, Jose Luis Escriva, lors d'une conférence de presse.

L'Espagne n'a toujours pas de nouveau gouvernement depuis les élections législatives de décembre qui ont accouché d'un Parlement sans majorité.

Si aucun accord de coalition n'est trouvé d'ici au 2 mai, de nouvelles élections seront organisées, probablement à la fin juin.

Une prolongation de l'impasse politique dans laquelle se trouve le pays pourrait fragiliser les perspectives de croissance à long terme, a prévenu la banque centrale.

Le gouvernement intérimaire doit présenter avant la fin du mois à la Commission européenne son plan pour se conformer à l'engagement de déficit pour 2016. Environ 25 milliards d'euros d'économies doivent être trouvées pour y parvenir, selon des calculs de Reuters.

La plupart des formations politiques de pays préconisent de renégocier les objectifs de déficit avec Bruxelles, qui table de son côté sur un déficit à 3,6% du PIB cette année.

"Les objectifs doivent être graduels et réalistes", a dit Escriva. "Pour 2016, nous ne voyons aucun scénario qui permettrait d'atteindre l'objectif", a-t-il ajouté.

(Blanca Rodriguez, Marc Joanny pour le service français, édité par Véronique Tison)