LONDRES, 28 février (Reuters) - Rome a pris de l'avance dans ses émissions de dette souveraine cette année, ce qui lui permettrait de lever le pied ou de se rabattre sur des émissions à court terme si la crise politique du pays décourageait les investisseurs d'acquérir ses obligations.

Les élections en Italie cette semaine n'ont pas permis de dégager une majorité claire au parlement, soulevant la crainte d'un blocage politique prolongé, qui risque de remettre en cause le processus de réformes économiques engagé par Mario Monti.

Ces inquiétudes sur l'avenir politique du pays risquent de faire fuir de nombreux investisseurs, dont l'Italie dépend pour financer sa dette de 2.000 milliards d'euros.

Toutefois, étant beaucoup plus avancée dans son programme de financement que l'an dernier à la même époque, Rome ne semble pas être sous la menace - comme cela était le cas en 2011 et encore l'an dernier - de perdre l'accès aux marchés financiers.

"Le démarrage du programme de financement de 2013 a été bon. Le pays ont dégagé une marge de manoeuvre pour ajuster ses émissions pendant les quelques semaines à venir qui pourraient être plus risquées", estime David Schnautz, stratège sur le marché des taux de Commerzbank à New York.

"Je ne crois pas que l'Italie va au devant de gros problèmes."

L'Italie a levé jusqu'à présent 36 milliards d'euros d'obligations BTP cette année, soit 28% de son programme annuel, à une échéance moyenne de 7,3 ans. A la même période de l'an dernier, elle avait réalisé 18% de son programme et la maturité des 34 milliards d'obligations levées était de 5,4 années.

Une autre options serait de réduire temporairement les montants de ses adjudications pour s'adapter à une éventuelle baisse de la demande, même si les émissions souveraines réalisées depuis les élections se sont plutôt bien passées.

Les analystes estiment que plus l'Italie prend du temps pour former un gouvernement et plus les coûts de financement devraient augmenter. Mais ils ne pensent pas que, pour l'instant, ils retrouveront les taux de rendement jugés insoutenables de 7% ou plus pour les obligations à 10 ans.

Signe que l'appétit des investisseurs pour la dette italienne n'a pas disparu, Rome a pu emprunter 6,5 milliards d'euros à 5 et 10 ans mercredi, après avoir emprunté 8,75 milliards à six mois la veille, au lendemain des élections.

Même s'ils ont augmenté d'environ 50 points, les rendements du papier à 10 ans adjugé mercredi sont restés inférieurs 5%, en net retrait par rapport aux pics de 6,7% de 2012 ou de près de 8% de 2011.

Jeudi, le Trésor italien a même pu placer encore 1,2 milliard d'euros d'obligations à 10 ans, en haut de la fourchette visée, lors d'une adjudication supplémentaire.

Le montant des soumissions a été quatre fois plus important que l'offre, les investisseurs ayant été attirés par les rendements plus élevés.

Rome a aussi plus placer un montant additionnel de 1,3 milliard d'euros de bons du Trésor à six mois. (William James et Marius Zaharia, Juliette Rouillon pour le service français, édité par Benoît Van Overstraeten)