Comme l'a rapporté Reuters en début de semaine, un projet de budget 2024 proposait de permettre aux revenus des obligations d'État d'être entièrement déduits de l'ISEE, une mesure de la richesse qui détermine l'accès aux prestations sociales dans le cadre de l'examen des ressources par le gouvernement.

Cette proposition, qui s'inscrit dans le cadre des efforts déployés par Rome pour augmenter les avoirs nationaux de sa dette publique de 2,84 billions d'euros, a suscité des critiques de la part de l'opposition et des universitaires, qui ont déclaré qu'elle émousserait l'accent mis par les programmes d'aide sociale sur les pauvres.

Les données du bureau national des statistiques ISTAT ont montré que l'année dernière, plus de 5,6 millions de personnes, soit 9,7 % de la population italienne, se trouvaient dans ce qu'il est convenu d'appeler la "pauvreté absolue", c'est-à-dire qu'elles n'avaient pas les moyens d'acheter les biens et services essentiels.

Ce chiffre est en hausse par rapport aux 9,1 % enregistrés en 2021, cette augmentation étant en grande partie due à la flambée des prix à la consommation.

Toutefois, le dernier projet montre que les déductions des contribuables seraient plafonnées à 50 000 euros en obligations souveraines et en produits d'investissement pour les petits épargnants dont le remboursement est garanti par l'État.

L'Italie impose déjà les revenus des obligations d'État à un taux inférieur de 12,5 % au taux de 26 % appliqué aux autres investissements financiers, y compris les dépôts.

Ces mesures incitatives interviennent après que le gouvernement a relevé le mois dernier ses objectifs de déficit budgétaire pour 2023-2025, ce qui a alarmé les marchés et l'a préparé à un éventuel conflit avec la Commission européenne.

L'écart entre les rendements italien et allemand à 10 ans, un indicateur de la confiance des marchés dans l'Italie très endettée, a augmenté la semaine dernière pour atteindre 208 points de base, son niveau le plus élevé depuis janvier, avant de se résorber. Jeudi, il s'établissait à environ 200 points de base.

La dette italienne, la deuxième plus élevée de la zone euro après la Grèce par rapport au produit intérieur brut, ne devrait diminuer que marginalement dans les années à venir pour atteindre 139,6 % du PIB en 2026, contre 140,2 % prévus cette année.

(1 dollar = 0,9495 euro)