par Stephen Brown et Matthias Sobolewski

Un journal allemand a rapporté que les pays de la zone euro réfléchissaient à un plan pour permettre à la Grèce et à l'Irlande d'effacer une partie de leur dette en ayant recours au FESF, mis en place après le sauvetage d'Athènes comme filet de sécurité pour les autres pays qui connaissent des difficultés.

The Financial Times Deutschland rapporte que les ministres des Finances de la zone euro, réunis lundi dernier, avaient discuté d'un plan pour que le FESF achète de la dette de ces Etats ou leur accorde des prêts avantageux pour racheter leur propre dette.

Une source de la zone euro a confirmé à Reuters que cette dernière envisageait d'autoriser le Fonds européen de stabilité financière (FESF) à acheter des obligations d'Etats membres en difficulté face à la crise de la dette.

Un élément de ce plan n'a toutefois pas été éclairci, à savoir si les détenteurs d'obligations souveraines de ces pays seraient payés à la valeur nominale du papier ou non. La question d'un éventuel manque à gagner pour ces investisseurs reste donc en suspens.

Et la validation par les parlements européens des changements des règles encadrant le fonds de 440 millions d'euros, dont la réelle capacité à prêter est bien moindre du fait de son système complexe de garantie, était également incertaine.

Le parti conservateur de la chancelière allemande Angela Merkel semble prêt à s'opposer à toute tentative d'utilisation du FESF pour acheter de la dette grecque, ce qui doit préalablement être approuvé par les parlements nationaux, a souligné un législateur du parti chrétien-démocrate.

"Je ne vois pas de volonté imminente pour acheter de la dette d'un Etat via le FESF", a dit à Reuters Hans Michelbach.

L'Irlande utilisant déjà ce fonds et l'Espagne et le Portugal ayant potentiellement besoin d'y recourir à leur tour, l'Europe réfléchit à un moyen de le renforcer sans augmenter la somme annoncée, ce qui sera aussi difficile à faire accepter à l'opinion et au parlement allemands.

Le patron du FESF, l'Allemand Klaus Regling, a réfuté l'idée selon laquelle la Grèce aurait actuellement besoin de plus de financement.

ENJEUX POLITIQUES EN ALLEMAGNE

Une note de recherche de Barclays Capital estime qu'il est "très probable que les gouvernements de la zone euro décideront d'une augmentation de la capacité de prêts du FESF à sa limite statutaire de 440 millions d'euros".

Barclays estime que, contrairement aux achats de dette directement par le FESF, l'octroi de prêts par le fonds à des Etats pour qu'ils rachètent leur propre dette est "plus susceptible d'obtenir du soutien", et notamment de la part de la Banque centrale européenne qui serait dès lors soulagée d'une telle responsabilité.

Les gouvernements grecs et allemands ont plusieurs fois nié les informations indiquant qu'un plan de restructuration de la dette était en cours de préparation et l'on refait ce jeudi.

Et donner à la Grèce et à l'Irlande des fonds pour racheter leur dette ne serait pas forcément interprété comme une restructuration.

Des analystes estiment que le déni de l'Allemagne répond à des considérations politiques en raison des élections qui auront lieu cette année dans sept Länder, dans un contexte où la population a fermement exprimé son opposition aux plans de sauvetage, notamment dans celui de du Bade-Würtenberg.

Mais le gouvernement d'Angela Merkel a été prévenu par au moins quelques membres de son groupe "d'hommes sages" qu'il fallait se préparer au pire, y compris à une restructuration de la dette grecque.

Des membres du ministère des Finances allemand préparent actuellement un plan d'urgence pour gérer les conséquences d'un éventuel défaut de la Grèce ou d'un besoin de restructuration de sa dette, et analysent ce que serait leur impact sur l'Allemagne et la zone euro, ont dit mercredi des sources au fait de la situation.

Florent Le Quintrec pour le service français, édité par Benoît Van Overstraeten