Paul J.Davies,

The Wall Street Journal

L'attachement des investisseurs aux dividendes pourrait être plus nuisible qu'on ne le pense, en particulier pour les banques.

Le chef économiste de la Banque des règlements internationaux (>> ProShares UltraShort Nasdaq Biotech) - la banque centrale des banques centrales - estime que les établissements bancaires ont distribué trop de dividendes depuis la crise, ce qui obère leur capacité à octroyer des prêts et donc à dégager des profits à l'avenir.

Plusieurs banques européennes ont diminué leurs dividendes au cours des deux dernières années et courroucé les investisseurs. L'action Banco Santander a chuté de 14% en janvier 2015 après que la banque espagnole a réduit le montant de sa distribution. Deutsche Bank et Standard Chartered ont également accusé des reculs d'environ 7% après avoir fait des annonces similaires à l'automne dernier.

Un contexte difficile pour renforcer les bilans

D'autres banques ont pour leur part levé des capitaux pour renforcer leur bilan tout en promettant de continuer à retourner des liquidités. En d'autres termes, elles ont demandé aux actionnaires de l'argent pour leur en restituer ensuite une partie. L'action Credit Suisse a subi une baisse limitée de 1,5% en octobre dernier lorsque la banque a annoncé qu'elle procéderait à une augmentation de capital de 6 milliards de dollars mais qu'elle s'engageait à maintenir son dividende.

Ces annonces ont lieu bien que certaines banques peinent à réunir les capitaux nécessaires à leur solvabilité tandis que d'autres bataillent toujours pour se défaire de créances douteuses ou d'actifs devenus illiquides depuis la crise financière. Ces obstacles pénalisent la capacité des banques à accorder de nouveaux crédits ou à s'engager dans d'autres activités qui pourraient, non seulement soutenir leurs bénéfices mais également l'économie dans son ensemble, a affirmé le chef économiste de la BIS, Hyun Song Shin.

La valeur n'est pas que dans le dividende

L'économiste observe que depuis 2007, les banques européennes ont quasiment payé autant de dividendes qu'elles ont mis de bénéfices en réserve pour renforcer leurs fonds propres. En France, en Italie et en Espagne, les banques ont même payé plus de dividendes que ce qu'elles ont conservé sous forme de capital.

C'est aberrant, car lorsque les banques mettent en réserve des bénéfices, les fonds appartiennent toujours aux actionnaires... tant que les profits ne sont pas dépensés pour distribuer des bonus ou augmenter les rémunérations des dirigeants.

Les actionnaires jouissent ainsi d'une progression de la valeur de leur investissement grâce à la croissance de l'actif net tangible. Et si les banques s'engagent dans des activités et dégagent plus de bénéfices grâce à ces capitaux supplémentaires, cela ne peut être que profitable à terme pour l'actionnaire.

Dans l'idéal, les investisseurs souhaiteraient évidemment une hausse du cours de Bourse et une rémunération en cash. Mais se focaliser sur le dividende en toute circonstance risque in fine de les pénaliser.

-Paul J.Davies, THE WALL STREET JOURNAL

(Version française, Jérôme Batteau) ed: ECH

Valeurs citées dans l'article : ProShares UltraShort Nasdaq Biotech