Les ministres des Finances et les banquiers centraux du groupe devraient aussi appeler ensemble à une refonte des taux d'intérêt interbancaires comme le Libor, à l'origine ces derniers mois d'un scandale qui a éclaboussé certaines des plus grandes banques du monde.

Mais cet ordre du jour officiel pourrait être bouleversé par la montée du débat sur la remise en cause des politiques d'austérité à l'oeuvre notamment en Europe, des efforts d'assainissement budgétaire accusés désormais de plomber la croissance.

Le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaire Olli Rehn a déclaré jeudi à Reuters que la priorité donnée à la réduction de la dépense publique immédiatement après le déclenchement de la crise était nécessaire pour rassurer les marchés mais que cette époque était révolue.

"Il n'y avait pas le choix. Une action décisive a été menée. Maintenant que nous avons rétabli la crédibilité à court terme, cela nous donne la possibilité d'emprunter une voie plus modérée pour l'ajustement budgétaire à moyen terme", a-t-il ajouté.

Les Etats-Unis, de leur côté, refusent de s'engager sur un objectif chiffré de réduction de leur ratio d'endettement par rapport au produit intérieur brut (PIB).

"Je pense que l'une des questions qui vont émerger (...), est la question des objectifs chiffrés ou pas concernant le rapport dette/PIB", a dit jeudi à la presse Jim Flaherty, le ministre canadien des Finances.

Et ce débat pourrait être alimenté par la remise en cause d'une étude réalisée en 2010 par les économistes de Harvard Kenneth Rogoiff et Carmen Reinhart concluant qu'en moyenne, l'économie d'un pays se contracte lorsque son ratio dette/PIB dépasse 90%, précisément le seuil débattu par le G20.

Des chercheurs de l'université du Massachusetts ont remis en cause la méthodologie de cette étude et sont arrivés à la conclusion que les pays affichant un tel ratio avaient en fait une croissance moyenne de 2,2%.

LES ÉMERGENTS ONT PEUR DES BULLES

Le débat n'est évidemment pas clos et certains pays, comme le Canada, restent favorables à des objectifs chiffrés et ambitieux même s'ils sont favorables à l'octroi aux pays en difficulté de délais supplémentaires pour revenir à l'équilibre budgétaire.

"C'est important pour la confiance des investisseurs, qui mène vers plus d'investissement, plus de croissance économique et plus d'emploi", a dit Jim Flaherty.

Pour les pays émergents, c'est le niveau sans précédent dans l'histoire des injections de liquidités pratiquées par les banques centrales des grandes économies avancées qui pose davantage problème.

Le Groupe des 24, qui réunit entre autres le Brésil, l'Inde, l'Afrique du Sud et le Mexique, a appelé jeudi les pays avancés à "prendre en compte les retombées négatives (...) de la prolongation de politiques monétaires non conventionnelles, entre autres sur l'inflation et la volatilité des flux de capitaux et des prix des matières premières".

La Banque du Japon a annoncé au début du mois son intention d'acheter pour plus de 1.000 milliards d'euros de produits financiers sur les marchés d'ici deux ans, des capitaux dont une partie pourrait être réinvestie dans les pays émergents.

Et elle ne fait qu'emboîter le pas à la Réserve fédérale des Etats-Unis dont la politique d'assouplissement quantitatif (QE) se poursuit au rythme de 85 milliards de dollars par mois, et à la Banque centrale européenne qui a prêté plus de 1.000 milliards d'euros aux banques de la zone euro fin 2011 et début 2012.

"Les membres du G24 lancent un appel (...) pour que la coordination permettre de limiter les bulles susceptibles d'être créées par l'appréciation de certains actifs", a expliqué le ministre mexicain Luis Videgaray.

Le peso mexicain avait gagné 2,5% face au dollar et 9% face au yen dans les minutes qui avaient suivi l'annonce de la nouvelle initiative de la Banque du Japon.

Le gouverneur de la Banque du Japon Haruhiko Kuroda a toutefois assuré jeudi n'avoir observé aucun signe de formation de bulles spéculatives dans les pays émergents.

Le communiqué des ministres des Finances du G20 est attendu vendredi à la mi-journée à Washington. Il devrait charger le Conseil de stabilité financière, un organe de coordination des autorités financières du groupe, de superviser la réforme des taux de référence tels que le Libor, ont dit à Reuters deux sources proches du dossier.

Marc Angrand pour le service français, édité par Dominique Rodriguez

par David Gaffen et Jan Strupczewski