* Mise en application anticipée du décret d'encadrement

* Réflexion sur l'étiquetage du mode d'abattage

PARIS, 8 mars (Reuters) - Le gouvernement ne reviendra pas sur les dérogations qui permettent l'abattage rituel en France mais va accélérer la réflexion sur la mise en place d'un étiquetage de la viande qui en est issue, a déclaré jeudi Bruno Le Maire.

Le ministre de l'Agriculture a également confirmé la mise en application anticipée, depuis jeudi matin, du décret de décembre 2011 qui renforce l'encadrement de l'abattage halal ou casher.

Le ministre, qui s'efforce d'apaiser les tensions multiples sur le sujet, a affirmé lors d'une conférence de presse que seuls 14% des bovins et ovins, en tonnage, et 26% en nombre d'animaux, étaient abattus rituellement.

Un rapport confidentiel du ministère publié mercredi par l'hebdomadaire Le Point affirme que 50% des animaux sont abattus rituellement, mais il ne porte que sur un panel de 15 abattoirs sur 255, a assuré Bruno Le Maire.

La polémique sur l'abattage rituel, également dénoncé par les associations de défense des animaux, déplorant que les animaux soient égorgés sans être étourdis, a été récemment relancée par la présidente du Front national.

Marine Le Pen a ainsi affirmé que 100% des animaux étaient abattus rituellement en région parisienne.

"C'est une polémique inutile et indigne à partir du moment où elle stigmatise un certain nombre de nos concitoyens", a répondu Bruno Le Maire, tout en reconnaissant un certain nombre de "dérives", comme l'abattage rituel "par commodité".

Il a également cité des défauts d'hygiène, des instruments inadaptés et l'absence de formation des certificateurs.

"CHACUN A LE DROIT DE SAVOIR CE QU'IL MANGE"

Il a précisé qu'il n'avait pas attendu les polémiques pour élaborer le décret de décembre 2011, "le premier texte qui encadre l'abattage rituel dans notre pays".

Une autorisation administrative préalable est désormais obligatoire pour procéder à un abattage rituel.

De même, des éleveurs ne pourront plus faire entrer des animaux dans ces établissements sans un bon de commande.

Bruno Le Maire était jusqu'à présent réticent à un étiquetage systématique de la viande halal ou casher, car la question "pose des enjeux économiques" et présente des "risques de stigmatisation".

Mais le président-candidat, Nicolas Sarkozy, s'est prononcé samedi dernier en faveur de "l'étiquetage des viandes en fonction de la méthode d'abattage", car "chacun a le droit de savoir ce qu'il mange, halal ou non".

En outre, l'Association nationale interprofessionnelle du bétail et des viandes (Interbev) a annoncé avoir engagé une réflexion "concernant la mise en place éventuelle d'un étiquetage du mode d'abattage" afin de "mettre un terme à la polémique politicienne autour de l'abattage rituel".

Elle souligne toutefois dans un communiqué que la France n'a pas le pouvoir de décider seule des conditions d'étiquetage, "l'accord des services de l'Union européenne est indispensable".

"Nous allons maintenant commencer à travailler sur l'étiquetage", a dit Bruno Le Maire, soulignant que l'avantage serait de "rassurer les consommateurs."

Le ministre a souligné que l'abattage rituel était "l'exception" mais qu'il correspondait à une "dérogation qui est légale" et appliquée dans la quasi totalité des pays européens.

"Le gouvernement ne compte pas revenir sur cette dérogation qui garantit la liberté d'exercice des cultes", a-t-il insisté. (Gérard Bon, édité par Yves Clarisse)