AMSTERDAM, 10 janvier (Reuters) - L'ancien chef des services secrets libyens de Mouammar Kadhafi, Abdallah al Senoussi, risque l'exécution s'il n'est pas extradé par les autorités libyennes devant la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye, ont averti ses avocats jeudi.

Abdallah al Senoussi, extradé en septembre de Mauritanie, est détenu en Libye où il est accusé de "crimes contre des Libyens".

Il est notamment soupçonné d'avoir joué un rôle central dans la mort de quelque 1.200 détenus de la prison d'Abou Salim, à Tripoli, en 1996.

Il est, par ailleurs, recherché par la CPI pour crimes contre l'humanité en raison de son action pendant la guerre civile de 2011, ainsi que par la justice française pour son rôle présumé dans l'attentat de 1989 contre un DC-8 d'UTA au-dessus du désert du Ténéré, au Niger.

Dans un courrier adressé au président du Conseil de sécurité de l'Onu, les avocats de Senoussi estiment que son jugement en Libye serait contraire aux obligations de Tripoli envers la CPI et le Conseil de sécurité de l'Onu.

Il estiment que Tripoli a ignoré volontairement le mandat d'arrestation émis par la CPI en versant près de 200 millions de dollars (151 millions d'euros) l'an dernier à la Mauritanie pour qu'il soit extradé vers la Libye.

L'annonce par le procureur général libyen que le procès de Senoussi débuterait en février montre, selon les avocats, que les autorités de Tripoli ne prennent pas au sérieux leurs obligations envers la CPI.

"L'annonce pourrait entraîner des dommages irréparables avec l'imposition de la peine capitale et son exécution", écrit Ben Emmerson, avocat de Senoussi.

Tripoli a demandé aux juges de la CPI de conclure qu'Abdallah al Senoussi et Saïf al Islam Kadhafi, fils de l'ancien dirigeant libyen également recherché par la CPI, peuvent être jugés équitablement par des tribunaux libyens.

Les avocats de Senoussi ont également demandé à la CPI de traduire la Libye devant le Conseil de sécurité pour non-respect de ses obligations, et exigé que le gouvernement libyen extrade l'ex-chef des renseignements vers La Haye sous cinq jours. (Thomas Escritt, Hélène Duvigneau pour le service français)