par Noëlle Mennella et Dominique Vidalon

Yoplait, numéro deux mondial des produits laitiers frais derrière Danone, est aujourd'hui détenu à parts égales par une coopérative agricole, la Sodiaal, et par le fonds français de capital-investissement PAI Partners.

"Bright Food a fait l'offre la plus élevée. Elle représente 1,75 milliard d'euros pour la totalité du capital de Yoplait. Ce prix correspond à moins de 12 fois l'Ebitda du groupe", a dit la source à Reuters.

Elle a précisé que les cinq autres offres émanaient du suisse Nestlé, de l'américain General Mills, du français Bel, du mexicain Lala et du fonds Axa Private Equities.

Un autre source avait précédemment indiqué à Reuters que les fonds Lion Capital et Bain Capital n'étaient plus sur les rangs pour entrer au capital du fabricant de yaourts et de fromage frais.

Elle avait précisé que Bel avait fait l'offre la plus basse, en ajoutant que toutes les offres, Bel excepté, étaient très proches, se situant autour de 800 millions d'euros "plus ou moins 10%".

PAI Partners a confirmé lundi à Reuters qu'il choisirait d'ici à la fin mars le repreneur de sa part du capital de Yoplait, ajoutant qu'il continuait de discuter avec un nombre "significatif" de candidats.

Prié de commenter des propos tenus vendredi par le vice-président de Bright Food, Ge Junjie, qui a dit au China Daily avoir bon espoir d'obtenir la part de PAI, le porte-parole du fonds a déclaré :

"Pour nous, Bright Food reste un candidat sérieux au rachat de la part de la PAI mais il existe un nombre significatif d'autres candidats avec lesquels la discussion se poursuit."

"Nous espérons aboutir d'ici à la fin mars", a-t-il ajouté.

NÉCESSAIRE COHABITATION AVEC SODIAAL

Une des sources proches du dossier a indiqué à Reuters que le choix parmi les candidats en présence s'effectuerait sur la base de trois critères que sont "le prix, le projet et la cohabitation avec Sodiaal".

Dans une interview accordée en novembre dernier à Reuters, Lucien Fa, le directeur général de Yoplait, avait déclaré que le futur partenaire de Yoplait devra lui donner les moyens de croître à l'international et notamment dans les pays émergents où le groupe est encore absent.

Il avait estimé que "la vraie valeur" de Yoplait était de 1,5 milliard d'euros, ce qui correspond à 12,5 fois l'Ebitda de la société.

Par la suite, Yoplait a racheté la société canadienne Liberté, un fabricant de yaourt naturel et organique qui a réalisé en 2009 un chiffre d'affaires de 175 millions de dollars canadiens.

Entre 2002, date de l'entrée de PAI dans son capital, et 2010, Yoplait s'est surtout employé à ne plus perdre d'argent et des parts de marché par rapport à Danone.

Ainsi, le groupe a affiché sur l'exercice 2009-2010, clos le 30 juin, un Ebitda de 127 millions d'euros, contre un peu moins de 50 millions en 2002.

Dans le même temps, ses investissements publicitaires ont triplé à 25 millions d'euros et sa part de marché s'est stabilisée à 12% en France, alors que celle de Danone a baissé de 36% à 32%. Yoplait est redevenu bénéficiaire en net depuis 2007.

A partir d'une base aujourd'hui "saine", Yoplait doit maintenant "trouver les ressources pour aller investir dans les BRIC" (Brésil, Russie, Inde et Chine), avait déclaré Lucien Fa l'an dernier.

Les moyens financiers que lui donnera le repreneur de la part de PAI lui permettront aussi de reprendre le contrôle de sa marque en rachetant les droits de distribution de certains de ses franchisés.

Aujourd'hui, sur le chiffre d'affaires de 4,5 milliards d'euros réalisé par la marque Yoplait, 3,5 milliards sont engrangés par les franchisés.

Avec Victoria Howley et Simon Meads à Londres, Silke Koltrowitz à Zurich, édité par Gwénaelle Barzic