Kingston/Bridgetown (awp/afp) - L'ouragan Béryl, particulièrement précoce, avance mardi dans les Caraïbes après avoir provoqué d'importants dégâts et au moins 5 morts, et s'apprête à toucher mercredi la Jamaïque, prévient le Centre américain des ouragans (NHC).

Bien que relégué mardi après-midi en catégorie 4, ce premier ouragan de la saison fut, lundi soir et mardi matin, classé en catégorie 5, la plus élevée avec des vents supérieurs à 252 km/h et des effets "potentiellement catastrophiques".

Béryl était alors l'ouragan de catégorie 5 le plus précoce jamais enregistré par les services météorologiques américains.

"Des vents dévastateurs (...), une montée des eaux potentiellement mortelle et des vagues destructrices sont attendues dans des zones de Jamaïque et des Îles Caïmans mercredi et mercredi soir", écrit le NHC dans son bulletin de 21H00 GMT mardi, relevant des vents à 250 km/h dans l'ouragan.

"La bonne nouvelle, c'est que Béryl a commencé à s'affaiblir un peu", a commenté le directeur du NHC Michael Brennan, qualifiant l'ouragan d'"extrêmement dangereux."

Béryl pourrait toucher la Jamaïque en catégorie 3 ou 4, "avec un potentiel de dégâts catastrophiques dus au vent, de larges dégâts sur les maisons, les toits, les arbres, les lignes électriques", a-t-il ajouté.

"En Jamaïque, il faut être dans votre lieu sûr à la tombée de la nuit et se préparer à s'abriter sur place toute la journée de mercredi", relève encore Michael Brennan.

Béryl va également toucher le sud d'Haïti et atteindre, affaibli, la péninsule du Yucatan, au Mexique, jeudi soir.

Désolation dans les Antilles

Avant de toucher ces îles, l'oeil de l'ouragan a dévasté lundi Carriacou, une île de la Grenade réputée pour sa beauté, ainsi que d'autres territoires dans la région.

Deux personnes ont été tuées à Carriacou et une autre sur l'île voisine de Grenade, la principale du petit archipel, a indiqué le Premier ministre grenadien Dickon Mitchell. Des vents ont été mesurés jusqu'à 240 km/h à Carriacou, qui a été "rasée en une demi-heure", selon lui.

"Il est clair que la crise climatique pousse les catastrophes à de nouveaux niveaux records de destruction", a observé le chef de l'ONU Climat Simon Stiell, dont la famille fait partie des victimes à Carriacou. "La crise climatique va de mal en pis, et plus vite que prévu", ce qui nécessite en réponse "une action climatique bien plus ambitieuse de la part des gouvernements et des entreprises", a-t-il ajouté dans une déclaration à l'AFP.

Sur l'archipel voisin de Saint-Vincent-et-les-Grenadines, Béryl a semé la désolation et fait au moins un mort, selon le Premier ministre Ralph Gonsalves.

"Malheureusement, il y a une personne tuée. Il pourrait y avoir plus de victimes, nous ne sommes pas sûrs", a-t-il ajouté dans une vidéo sur Facebook, et "90% des habitations ont été gravement endommagées ou détruites sur l'une des îles où le toit de l'aéroport a été arraché".

A La Barbade, des habitations et des commerces ont été inondés et des embarcations de pêche endommagées à Bridgetown.

Sur l'île française de la Martinique, des rues ont été inondées et quelque 10'000 clients ont été privés d'électricité, selon le fournisseur EDF.

Au Venezuela, un homme est décédé, emporté par le courant d'une rivière en crue dans la petite ville de Cumanacoa, près de la côte, a-t-on appris de source officielle.

Atlantique nord en surchauffe

Béryl est le premier ouragan de la saison dans l'Atlantique. Un phénomène climatique de cette échelle est extrêmement rare si tôt dans la saison des ouragans qui s'étend de début juin à fin novembre aux Etats-Unis.

L'observatoire météorologique américain (NOAA) avait prévu fin mai une saison extraordinaire et la possibilité de quatre à sept ouragans de catégorie 3 ou plus.

Ces prévisions sont notamment liées au développement attendu du phénomène météorologique La Nina, ainsi qu'aux températures très élevées de l'océan Atlantique, selon la NOAA. Les températures de l'Atlantique nord évoluent sans discontinuer depuis plus d'un an à des niveaux de chaleur records, très nettement au-dessus des annales.

afp/ol