La BCE est la première des grandes banques centrales à se lancer dans l'aventure de taux négatifs, qui reviennent pratiquement à faire payer aux banques le fait de déposer une partie de leurs liquidités auprès de l'institut d'émission.

D'autres mesures seront annoncées dans un communiqué attendu à 14h30 GMT, heure prévue pour la traditionnelle conférence de presse du président de la BCE, Mario Draghi, pour commenter les décision de politique monétaire.

L'euro a touché un plus bas de quatre mois contre la devise américaine à 1,3575 dollar après ces annonces tandis que les rendements obligataires de la zone euro se sont détendus et que les actions ont progressé.

L'indice Eurostoxx 50 des principales valeurs de la zone euro a touché un plus haut en séance à 3.266,21 points (+0,8%) - son plus haut niveau depuis septembre 2008 - avant de céder une partie de ses gains.

"La BCE a annoncé exactement ce que l'on attendait, maintenant on attend les nouvelles mesures et la conférence de Draghi, le suspense continue", a déclaré un trader obligataire.

Cet assouplissement de la politique monétaire de la zone euro était très attendu dans un contexte de faiblesse persistante de l'inflation et d'essoufflement de la croissance. Même si les observateurs jugent faible le risque de voir la zone euro s'enfoncer dans une spirale déflationniste, dans laquelle la baisse des prix et celle des salaires s'auto-alimente, favorisant ainsi le ralentissement de la consommation et de la croissance, la BCE est de plus en plus préoccupée par la faiblesse de l'inflation et du crédit.

ZONE DE DANGER

L'économie de la zone euro n'a crû que de 0,2% au premier trimestre et l'inflation des Dix-Huit a ralenti à 0,5% en rythme annuel en mai, s'enfonçant ainsi un peu plus dans ce que Mario Draghi, le président de la BCE, appelle la "zone de danger", c'est-à-dire sous 1% en rythme annuel, alors que la banque centrale vise un chiffre légèrement inférieur à 2%. Le ralentissement des prix à la consommation s'explique principalement par la baisse des cours des matières premières et mais aussi par la modération salariale et par les processus d'ajustement en cours dans plusieurs pays de la zone.

Et la vigueur de l'euro ne fait qu'exacerber cette situation.

Parallèlement, la faiblesse historique des taux d'intérêt peine à se répercuter sur les coûts du crédit bancaire dans l'ensemble des pays utilisant la monnaie unique: au Portugal, par exemple, les entreprises doivent s'acquitter en moyenne d'un taux de 5,4% pour emprunter, contre 2,2% seulement en France ou en Finlande. Ce handicap touche particulièrement les petites et moyennes entreprises, généralement très dépendantes des financements bancaires.

Les opérateurs s'attendent en conséquence à ce que la BCE complète notamment la réduction de ses taux directeurs par des mesures ciblées destinées à relancer le crédit bancaire comme des opérations de refinancement conditionnées à l'octroi de prêts.

(Paul Carrel; Nicolas Delame et Marc Joanny, pour le service français, édité par Marc Angrand)