Francfort (awp/afp) - La Banque centrale européenne estime que le "protectionnisme croissant" pourrait menacer la croissance en zone euro, en réponse aux menaces de sanctions commerciales agitées ces derniers jours par Washington, a déclaré jeudi son président Mario Draghi.

Les risques pesant sur la croissance "sont principalement liés à des facteurs globaux incluant le protectionnisme croissant et les développements sur le marché des changes et les autres marchés financiers", a dit à la presse M. Draghi, sur fond de craintes de guerre commerciale entre les Etats-Unis et leurs partenaires.

La dernière sortie de M. Draghi sur ce thème datait de la réunion des banquiers centraux en août dernier à Jackson Hole, aux Etats-Unis, au cours de laquelle il avait appelé à "résister aux tentations protectionnistes".

"Un virage vers le protectionnisme poserait un risque sérieux pour la croissance de la productivité et la croissance potentielle de l'économie mondiale", avait-il affirmé.

Le président américain Donald Trump a annoncé il y a une semaine son intention d'imposer 25% de taxes sur les importations d'acier et 10% sur celles d'aluminium, ravivant le spectre de sanctions commerciales croisées.

Le commissaire européen Pierre Moscovici a assuré jeudi que l'UE disposait d'un "arsenal de mesures" si Washington mettait à exécution ses menaces, avec des taxes ciblées "sur des produits comme les oranges, le tabac, le bourbon", fabriqués dans des circonscriptions tenues par le parti républicain de Donald Trump.

La Chine a elle aussi fait savoir jeudi qu'elle riposterait à d'éventuelles taxes américaines, par la voix de son ministre des Affaires étrangères. Pékin a déjà ouvert une enquête antidumping sur le sorgho des Etats-Unis et n'exclut pas de cibler leurs exportations de soja.

Mercredi, la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde, avait estimé qu'une "guerre commerciale" serait "redoutable" pour la croissance mondiale.

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