Vienne (awp/afp) - Après des mois de lutte pour soutenir les prix en zone euro, la BCE devrait faire état ce jeudi d'un timide éclaircissement de l'horizon, estiment les observateurs, qui attendent également un geste en faveur de la Grèce.

Réuni depuis mercredi soir en Autriche, à Vienne, le conseil des gouverneurs de l'institution monétaire rendra publiques ses dernières décisions à 11H45 GMT, avant une conférence de presse de son président Mario Draghi à partir de 12H30 GMT.

Les regards seront notamment braqués sur les prévisions actualisées de croissance et d'inflation des équipes de la banque centrale. C'est entre autres sur la base de ces pronostics que le conseil prend ses décisions de politique monétaire.

Or "pour la première fois depuis très longtemps, la BCE va probablement dévoiler une révision à la hausse de ses attentes d'inflation", souligne Marco Valli, de UniCredit.

Sur le front des prix, la BCE est en échec depuis de longs mois: lestés par la chute des cours du pétrole, les prix à la consommation ont encore reculé en mai dans la zone euro, de 0,1% sur un an, après un repli de 0,2% en avril. Pour la BCE l'inflation idéale est "proche mais inférieure à 2%".

EURO EN BAISSE, PÉTROLE EN HAUSSE

Pourtant l'horizon pourrait bien s'éclaircir. "La croissance en zone euro au premier trimestre a fait mieux que prévu et l'économie est finalement retournée à son niveau d'avant crise", pointe Carsten Brzeski, chez ING. En redémarrant, l'activité entraîne généralement avec elle l'investissement, les salaires et par ricochet les prix.

Surtout, l'affaiblissement de l'euro par rapport au dollar - qui permet d'importer de l'inflation via des produits et services libellés en dollars - et la récente hausse des prix du pétrole pourraient faire repartir les prix.

Par conséquent, "le conseil de la BCE n'aura pas besoin de prendre de décision majeure ce jeudi", anticipe Holger Schmieding, de Berenberg.

Et ce d'autant moins que l'institution a récemment élargi son soutien à l'économie en gonflant son vaste programme d'achats de dettes - de 60 à 80 milliards d'euros par mois -, en se déclarant prête à acheter des obligations d'entreprises, en accordant de nouveaux prêts géants aux banques (TLTRO II) et en abaissant encore ses taux d'intérêts. Le taux central directeur est à zéro depuis mars dernier.

Les rachats de dettes d'entreprises et les prêts aux banques ne sont pas encore concrétisés, et les banquiers centraux plaident pour leur laisser le temps de produire leurs effets.

DOSSIER GREC

Pour autant, le président Mario Draghi devrait répéter que son institution "est prête à user de tous les instruments disponibles dans le cadre de son mandat si nécessaire (...)", estime Johannes Gareis, de Natixis.

M. Draghi sera par ailleurs très attendu sur le dossier grec après un accord récent entre Athènes et ses créanciers internationaux permettant le déblocage d'argent frais pour la Grèce en l'échange de réformes.

Ce compromis va "probablement" ouvrir la voie à la réactivation par la BCE d'un régime de faveur pour les banques grecques, prédit Marco Valli, de UniCredit.

Suspendu début 2015 sur fond de tensions entre Athènes et les institutions internationales, ce mécanisme permettrait aux banques hellènes d'obtenir des liquidité dans le cadre des opérations régulières de refinancement de la BCE en échange de titres de dette publique grecque.

Considérées comme des "créances douteuses", les obligations émises par l'Etat grec sont à l'heure actuelle irrecevables comme garanties de ces financements. Les accepter à nouveau soulagerait le système bancaire grec, qui se finance actuellement au moyen de prêts d'urgence onéreux.

afp/fr