Au lendemain de la décision de la Réserve fédérale de baisser ses taux pour la première fois depuis la crise financière de 2008, la banque centrale britannique a répété qu'elle prévoyait un relèvement progressif de ses taux tout en le conditionnant désormais à une reprise mondiale ainsi qu'à un Brexit "ordonné".

Les responsables monétaires de la BoE ont unaniment décidé de maintenir à 0,75% son taux d'intervention, comme l'anticipaient les économistes interrogés par Reuters.

La banque centrale a ajouté qu'il pourrait varier dans un sens comme dans l'autre quelle que soit la forme que prendra le Brexit.

Depuis l'engagement pris par le nouveau Premier ministre, Boris Johnson, de mettre en oeuvre la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne le 31 octobre, même sans accord de transition, les marchés ont nettement revu en hausse la probabilité d'un Brexit désordonné voire sans accord.

La Banque d'Angleterre a souligné que cela avait conduit à "une dépréciation marquée du taux de change de la livre", tombée à un plus bas de près de trois contre un panier d'autres grandes devises.

Elle a aussi noté que depuis la mi-juillet, les incertitudes des milieux d'affaires au sujet du Brexit étaient devenues "plus prégnantes".

ANTICIPATIONS DE BAISSE DE TAUX

"La croissance sous-jacente semble avoir ralenti depuis 2018 à un rythme inférieur au potentiel, reflétant à la fois l'impact de l'intensification des incertitudes liées au Brexit sur l'investissement des entreprises et de la croissance mondiale plus faible sur le solde commercial", écrit la BoE dans un communiqué.

Ses prévisions économiques font l'hypothèse que la Grande-Bretagne évitera un choc lié au Brexit mais ne tablent désormais plus que sur une croissance de 1,3% en 2019 et en 2020 contre 1,5% et 1,6% respectivement en mai.

L'abaissement des perspectives de croissance prend pourtant en compte la stimulation implicite liée à une baisse de taux anticipée par les marchés et que la BoE intègre mécaniquement dans ses prévisions.

Les prévisions actualisées montrent aussi que la BoE s'attend à ce que l'inflation - actuellement à son objectif de 2% - dépasse ce niveau à un horizon de deux à trois ans et dans une proportion plus importante qu'elle ne l'anticipait en mai.

Avant les annonces de la BoE, les marchés estimaient à près de 90% la probabilité d'une baisse de taux de 25 points de base avant le départ de son gouverneur Mark Carney, prévu en janvier.

Sur les marchés, la livre comme le rendement des Gilts à 10 ans et la Bourse de Londres ont peu réagi à ces annonces conformes aux attentes.

(Marc Joanny pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)

par Andy Bruce et William Schomberg