par Pascale Denis

Le numéro deux français des spiritueux derrière Pernod Ricard a vu ses ventes progresser de 17,5% à 266,7 millions d'euros. Sa croissance organique s'est cependant très légèrement tassée à 10,5%, après 11,3% au premier semestre.

Le propriétaire du cognac Rémy Martin, de la liqueur Cointreau ou du brandy St-Rémy indique dans un communiqué prévoir une "solide croissance de son chiffre d'affaires et de ses résultats financiers" pour son exercice 2010-2011 clos le 31 mars 2011.

Il précise cependant que son quatrième trimestre devrait être "neutre", compte tenu d'un comparatif difficile - les ventes du 4e trimestre 2009-2010 avaient bondi de 100% (avec une base de comparaison rendue très favorable par la sortie, un an plus tôt, du réseau de distribution Maxxium) - et de l'impact calendaire d'un nouvel an chinois plus précoce que l'an dernier.

Malgré des chiffres généralement salués comme solides par les analystes, le titre est sanctionné par des prises de bénéfices à la Bourse de Paris jeudi matin.

"Rémy confirme sa solide croissance (...) Le potentiel de progression du titre est limité à court terme compte tenu de ratios de valorisation élevés", soulignent les analystes de Gilbert Dupont.

Après une ouverture en baisse de 2,13%, le titre abandonne 4% à 50,98 euros à 11h25, dans un marché stable.

UNE VALORISATION PROCHE DU LUXE

La valeur, qui a pris 48% en 2010, se traite sur des multiples de valorisation nettement supérieurs à ceux de ses principaux concurrents, le français Pernod Ricard et le britannique Diageo. Aux niveaux actuels, elle s'échange ainsi à plus de 20 fois les résultats estimés pour 2011, contre 16,9 fois pour Pernod et 15,4 fois pour Diageo.

"Rémy, compte tenu de ses taux de croissance, devrait plutôt être comparé au secteur du luxe", estiment les analystes de HSBC. Ses multiples sont proches de ceux de LVMH, un niveau à la fois mérité mais aussi très correctement valorisé.

Les analystes de Nomura saluent des résultats "conformes à des attentes élevées" mais disent préférer se positionner sur Pernod Ricard, "pour des raisons de valorisation".

Dans le cognac, métier phare du groupe qui compte pour 57% de son chiffre d'affaires, les ventes ont grimpé de 26% (+16% en données organiques) au troisième trimestre, bénéficiant de la date du nouvel an chinois, qui tombe cette année le 3 février au lieu du 14 l'an dernier, et qui a permis à Rémy d'avancer ses livraisons au troisième trimestre.

Les liqueurs et les spiritueux ont renoué avec la croissance organique (+3,6%) après deux trimestres de baisse liée au recul des ventes de Metaxa, le brandy grec.

Dans le champagne, mis en vente en novembre dernier, la croissance interne a été de seulement 7,7% malgré des bases de comparaison très favorables (elles avaient chuté de 20% l'an dernier).

Rémy Cointreau ne donne aucune indication sur le processus de vente de ses deux marques Piper-Heidsieck et Charles Heidsieck, à la rentabilité jugée insuffisante. Comptant pour environ 14% du chiffre d'affaires du groupe, elles ont accusé une perte opérationnelle de 4,0 millions d'euros en 2009-2010.

LVMH, numéro un mondial du luxe, surtout intéressé par les contrats d'approvisionnement en raisins qui sécurisent les livraisons des viticulteurs, a fait une offre de reprise début décembre, pour environ 300 millions d'euros, qui a été rejetée par Rémy Cointreau, a-t-on appris de source proche du dossier.

Edité par Jean-Michel Bélot