Par (Easybourse.com) Les matières premières ont beaucoup augmenté depuis le début de l'année, mais les produits agricoles beaucoup moins que les métaux non ferreux. Quelle est votre analyse ?
D'un côté, le marché des produits agricoles a bénéficié de deux excellentes campagnes céréalières mondiales de suite. Le prix des grains est revenu à ses niveaux de 2007, mais n'a pas profité du mouvement général de hausse de ces six derniers mois. En revanche, il y a des exceptions comme le sucre par exemple qui est à un niveau élevé après la sécheresse en Inde et qui provoque un déficit mondial. Il faut rappeler aux financiers que dans le monde agricole, la Nature joue un rôle très important.
La Chine n'a-t-elle pas une influence sur la demande de produits agricoles ?
La Chine pèse relativement peu sur la demande agricole, excepté sur le soja qu'elle importe en grande quantité. Malgré de bonnes récoltes, il y a effectivement des tensions sur les cours du soja. Hormis cela, la Chine ne joue qu'un rôle mineur. La Chine est un petit importateur de sucre pour reprendre cet exemple.
Du côté des métaux non-ferreux, il faut dire que les prix se sont effondrés au deuxième semestre 2008 jusqu'à atteindre un point bas en janvier 2009 avant l'amorce d'une remontée. Il y a trois raisons à cette remontée. D'abord, la fin du déstockage qui a poussé les industriels à repasser des commandes. Ensuite, la Chine continue à tirer la demande et pas seulement pour reconstituer des stocks stratégiques. Les chinois font des achats spéculatifs comme un arbitrage contre l'affaiblissement du dollar et donc du yuan. Comme pour le pétrole, la baisse du dollar a encouragé la hausse des prix.
Par ailleurs, le marché des métaux non-ferreux est un marché étroit assez faciles à manipuler. Vous avez par exemple un opérateur qui possède 80% des stocks d'étain au London Metal Exchange.
Est-ce que les investissements des producteurs ont été insuffisants ces dernières années malgré les anticipations d'une demande en croissance ?
Les producteurs étaient justement en train d'investir avant la dégringolade des prix de 2008. Or, il faut dix, quinze ans voire davantage pour qu'un complexe minier soit opérationnel. Quelques parts, nous payons encore les cours beaucoup trop bas de la fin du siècle dernier qui avaient découragé les producteurs.
Propos recueillis par Nabil Bourassi
- 19 Octobre 2009 - Copyright © 2006 www.easybourse.com
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