Le Myanmar, actuellement dirigé par une junte militaire qui a pris le pouvoir en 2021, a fait valoir que la Gambie, qui a intenté le procès, n'avait pas qualité pour le faire devant la plus haute juridiction des Nations Unies, officiellement connue sous le nom de Cour internationale de justice (CIJ).

La Gambie, qui a pris fait et cause après que son procureur général de l'époque ait visité un camp de réfugiés au Bangladesh, soutient que tous les pays ont le devoir de faire respecter la Convention sur le génocide de 1948. Elle est soutenue par l'Organisation de la coopération islamique, composée de 57 pays, dans une action visant à tenir le Myanmar pour responsable et à empêcher de nouvelles effusions de sang.

Une mission d'enquête distincte de l'ONU a conclu qu'une campagne militaire menée en 2017 par le Myanmar, qui a chassé 730 000 Rohingyas vers le Bangladesh voisin, comportait des "actes génocidaires".

Si les juges rejettent les objections du Myanmar, cela ouvre la voie à une audience complète de l'affaire sur le fond -- un processus qui prendra des années. Une décision en faveur du Myanmar mettrait fin à l'affaire de la CIJ.

Bien que les décisions de la Cour soient contraignantes et que les pays les suivent généralement, elle n'a aucun moyen de les faire appliquer.

Dans une décision provisoire de 2020, elle a ordonné au Myanmar de protéger les Rohingyas du génocide, une victoire juridique qui a établi leur droit en vertu du droit international en tant que minorité protégée.

Cependant, les groupes de Rohingyas et les militants des droits de l'homme affirment qu'il n'y a eu aucune tentative significative de mettre fin à leur persécution systémique et à ce qu'Amnesty International a appelé un système d'apartheid.

Les Rohingyas se voient toujours refuser la citoyenneté et la liberté de mouvement au Myanmar. Des dizaines de milliers d'entre eux sont confinés dans des camps de déplacés sordides depuis maintenant une décennie.

La junte a emprisonné la dirigeante démocratique Aung San Suu Kyi, qui a défendu personnellement le Myanmar lors des audiences de 2019 à La Haye.