* La France s'efforce de stopper la progression des djihadistes

* L'objectif est dans un 2e temps de les faire reculer

* La chute d'une ville illustre la difficulté de la tâche

par Emmanuel Jarry

PARIS, 14 janvier (Reuters) - La France envisage de déployer 2.500 soldats au Mali pour soutenir l'armée malienne et y "accompagner" le déploiement de forces de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), a confirmé lundi le ministère de la Défense.

Selon un porte-parole du ministère, des appareils français ont par ailleurs continué lundi, en particulier dans la matinée, à bombarder des "cibles mobiles", autrement dit des pick-ups des colonnes djihadistes qui tentent d'avancer sur Bamako depuis la fin de la semaine dernière.

Il n'y a en revanche pas eu de frappes sur les bases arrière de ces combattants islamistes dans le nord du Mali, contrairement à ce week-end, a-t-il précisé.

"Ce n'était pas le projet aujourd'hui. On a continué à parer à une situation d'urgence, qui est de stopper leur progression", a dit le porte-parole, qui a décrit des combattants "extrêmement mobiles, extrêmement déterminés et lourdement armés".

"Aujourd'hui, nous avons arrêté la progression, qui risquait de rendre la situation irrécupérable. Maintenant, notre objectif c'est de les faire reculer", a-t-il ajouté.

Les autorités françaises refusent toujours de donner une estimation de la durée de l'opération Serval, qui devrait se prolonger au moins plusieurs semaines, estime le spécialiste des questions militaires Pierre Servent.

"Ça durera le temps nécessaire", se borne-t-on à dire au ministère de la Défense.

"Le président de la République a fixé trois objectifs : stopper la progression des terroristes djihadistes vers Bamako, permettre au Mali de recouvrer son intégrité et permettre la mise en oeuvre des décisions de la communauté internationale", ajoute-t-on de même source.

LA CHUTE DE DIABALY

L'idée, explique un spécialiste du dossier, est de neutraliser durablement les forces djihadistes pour ne pas risquer de les voir reprendre l'offensive dans les semaines qui suivront la fin de l'opération Serval.

La prise, lundi matin, de Diabaly, une ville de l'ouest du Mali, à environ 400 km au nord de Bamako, par des combattants djihadistes, illustre la difficulté de la tâche.

"Nous savions que c'était un risque", souligne-t-on au ministère français de la Défense. "Diabaly était une ville ouverte, pas ou très peu défendue par l'armée malienne."

Outre la capacité de résistance des djihadistes, deux paramètres influeront sur la durée de l'opération Serval : le rythme de l'arrivée, de la formation et de l'intégration des contingents africains de la Misma, qui devrait compter jusqu'à 3.300 hommes, et les aléas climatiques propres au Mali.

La saison des pluies bat normalement son plein de juillet à septembre mais peut commencer plus tôt. Elle est précédée par une saison sèche, avec des vents de sable qui rendent également difficiles déplacements de troupes et opérations aériennes.

Initialement, la mise en place de la Misma ne devait pas être effective avant septembre. "Son déploiement est en train de s'accélérer", souligne le ministère français de la Défense.

La France accélère de son côté l'envoi de soldats à Bamako. Selon le porte-parole du ministère, ils sont déjà plus de 600 et leur nombre sera "progressivement" porté à 2.500 hommes.

Enfin, a-t-il précisé, Paris a continué à enregistrer lundi des promesses de soutien logistique de partenaires européens, en plus de la Grande-Bretagne et de l'Allemagne. Il n'a cependant pas dit de quels pays. (Edité par Sophie Louet)