La France souhaite faciliter l'investissement des fonds de capital-investissement dans les sociétés cotées en bourse et rendre moins coûteux le licenciement des traders par les sociétés financières, dans le cadre d'une nouvelle initiative visant à rendre Paris plus attrayante pour les services financiers, a déclaré un législateur lundi.

La France a essayé d'attirer des emplois financiers bien rémunérés dans la capitale française depuis le vote britannique de 2016 en faveur de la sortie de l'Union européenne, et elle a connu un certain succès.

Entre 2017 et 2022, plus de 7 000 emplois ont été créés dans le secteur, selon un projet de loi publié lundi et qui sera soumis au Parlement le mois prochain.

Des banques de Wall Street telles que Bank of America, JP Morgan et Morgan Stanley, ainsi que des banques européennes comme Barclays, font partie de celles qui ont augmenté leurs effectifs en France.

Le nouveau projet de loi vise notamment à faire une exception au droit français, généralement très protecteur des salariés, pour le licenciement de traders très bien payés, afin que leurs indemnités de départ soient moins coûteuses pour leurs employeurs.

Cette exception avait été demandée par certaines banques américaines qui affirment que les coûts potentiels des licenciements ont rendu plus difficile l'expansion des effectifs de très haut niveau à Paris, ont déclaré des sources industrielles à Reuters.

Toutefois, certains banquiers doutent que cette exception figure dans la législation finale, car elle pourrait être considérée comme allant à l'encontre du principe d'égalité de la Constitution française, ont déclaré les sources précédemment.

Le législateur Alexander Holroyd, membre du parti au pouvoir du président Emmanuel Macron, a reconnu lundi qu'il serait loin d'être facile de légiférer pour réserver à certains employés un traitement juridique exceptionnel, mais il a déclaré que la mesure visait les traders des banques et des fonds spéculatifs ainsi que les sociétés de négoce de matières premières et d'énergie.

En présentant le projet de loi, M. Holroyd a déclaré que le droit français devait être adapté pour permettre aux entreprises d'obtenir davantage de financements tout en faisant de Paris un centre financier plus attractif.

Pour les sociétés de capital-investissement, le projet de loi leur permettrait d'investir dans des entreprises françaises dont la capitalisation boursière peut atteindre 500 millions d'euros (547 millions de dollars), alors que la limite actuelle est de 150 millions d'euros.

Selon M. Holroyd, cela signifie que les sociétés de capital-investissement pourraient investir dans 88 entreprises françaises de plus qu'à l'heure actuelle.

Le projet de loi prévoit également l'introduction de droits de vote multiples dans le cadre des offres publiques initiales à la Bourse de Paris, à l'instar de Londres et d'Amsterdam.

Parmi d'autres mesures, le projet de loi vise à assouplir les règles relatives à la levée de capitaux frais afin de mieux aligner le droit français sur les normes en vigueur dans d'autres pays européens et aux États-Unis.

"Le véritable problème existentiel de l'Europe est la manière dont nous finançons notre économie", a déclaré M. Holroyd aux journalistes. "Si nous parvenons à résoudre ce problème, nous attirerons les investisseurs.

Parmi les autres changements proposés dans le nouveau projet de loi, citons l'octroi aux entreprises d'une plus grande marge de manœuvre dans la fixation du prix lorsqu'elles cherchent à lever des capitaux frais, une mesure souhaitée par les start-ups en particulier, et la réduction de la paperasserie pour les banques dans le domaine du financement du commerce.

(1 $ = 0,9141 euro) (Reportage de Leigh Thomas et Mathieu Rosemain ; Rédaction de Kirsten Donovan et Susan Fenton)