PARIS (Reuters) - Des responsables d'une vingtaine de pays sont attendus mercredi à Paris pour définir une stratégie sur la manière de freiner le financement et la propagande en ligne du groupe islamiste palestinien Hamas, même si aucun État arabe ni la Turquie n'y participeront, ont déclaré trois diplomates.

La France a demandé avec l'Allemagne et l'Italie que l'Union européenne crée un régime de sanctions spécifique contre le Hamas après ses attaques contre Israël le 7 octobre.

Des diplomates français plaident cependant pour la mise en place d'une stratégie plus large, englobant autant de pays que possible, afin de contrecarrer la capacité du groupe islamiste à se financer et à diffuser de la propagande sur les réseaux sociaux.

Selon l'ordre du jour consulté par Reuters, la réunion des directeurs politiques des ministères des Affaires étrangères des pays concernés débutera mercredi par une présentation par Israël sur "l'état de la menace du Hamas".

Israël et la France interviendront lors de cette conférence, de même que les Etats-Unis - qui doivent détailler les sanctions déjà adoptées par Washington contre le Hamas - et une organisation indépendante spécialisée sur le financement du terrorisme.

Le Hamas s'appuie sur un réseau mondial qui lui permet de se financer par l'intermédiaire d'organisations caritatives et de pays amis, en acheminant l'argent dans la bande de Gaza via des tunnels ou en utilisant des crypto-monnaies qui lui permettent de contourner les sanctions internationales, selon des experts et des responsables.

Trois diplomates ont confirmé à Reuters l'absence des pays arabes et de la Turquie à la réunion mais ont précisé qu'ils seront informés des conclusions.

RÉSEAU SECRET

Le Hamas, désigné comme organisation terroriste par l'Union européenne et les États-Unis, a mis en place un réseau secret de sociétés gérant 500 millions de dollars d'investissements dans des pays allant de la Turquie à l'Arabie saoudite, selon le Trésor américain.

Outre le financement, les participants vont se pencher sur la lutte contre les "contenus terroristes en ligne" et contre l'influence du Hamas sur les réseaux sociaux.

"L'idée est de recourir aux méthodes qui ont été mises en place contre Daech", a expliqué un diplomate européen, en référence au groupe Etat islamique.

"Mais il est très difficile de déterminer ce qu'est un discours de haine lorsque les deux parties diffusent de faux récits et s'accusent mutuellement de tout."

(Version française Tangi Salaün, édité par Blandine Hénault et Kate Entringer)

par John Irish