(Actualisé avec ambassadeur des Etats-Unis)

ANKARA, 9 octobre (Reuters) - Le ministre turc de la Justice a dit lundi espérer que les Etats-Unis reviendraient sur leur décision de suspendre la délivrance de visas aux ressortissants turcs, mesure de rétorsion politique prise en réponse à l'arrestation d'un agent consulaire la semaine dernière.

L'ambassade des Etats-Unis à Ankara a dénoncé des accusations sans fondement visant l'employé du consulat à Istanbul, soupçonné d'appartenir au réseau de Fethullah Gülen, un prédicateur exilé aux Etats-Unis qu'Ankara présente comme l'instigateur de la tentative de coup d'Etat de l'an dernier.

La Turquie a riposté à la décision américaine de suspendre les services de visa par une mesure similaire, ce qui a fait chuter les marchés turcs lundi à l'ouverture.

Le sous-secrétaire de l'ambassade des Etats-Unis a été convoqué au ministère turc des Affaires étrangères pour s'expliquer sur cette décision qui a provoqué des "tensions inutiles", a-t-on appris de sources au ministère.

L'ambassadeur des Etats-Unis à Ankara, John Bass, a déclaré lundi soir dans un communiqué que la durée de la suspension des visas dépendrait des discussions entre l'administration américaine et le gouvernement turc sur cette affaire. L'ambassade, a-t-il dit, n'a pas obtenu jusqu'à présent d'explication quant aux causes de l'arrestation de cet agent consulaire.

Le ministre turc de la Justice, Abdulhamit Gul, a pour sa part défendu l'arrestation de l'agent consulaire, de nationalité turque, en évoquant une procédure judiciaire indépendante des autorités politiques.

"Nous avons le droit de juger un ressortissant turc pour un crime commis en Turquie. J'espère que les Etats-Unis vont revoir leur décision à la lumière de ce fait", a-t-il déclaré à la chaîne télévisée A Haber.

Le ministre a dit ne pas être au courant de l'existence d'un second mandat d'arrêt visant un autre employé d'un consulat américain, dont s'est fait l'écho lundi la télévision turque NTV.

L'agence de presse Anatolie a par la suite rapporté que la justice voulait l'interroger sur les liens présumés de sa femme et de leur fille avec le réseau de Fethullah Gülen.

"L'employé du consulat N.M.C, mari et père des suspects en question, ne bénéficie pas de l'immunité diplomatique et a été convoqué au bureau du procureur en tant que témoin", écrit Anatolie en citant un communiqué du procureur d'Istanbul. (Tuvan Gumrukcu, Tulay Karadeniz et Daren Butler; Tangi Salaün et Eric Faye pour le service français)