par Ellis Mnyandu

Les principaux indices ont franchi à la baisse mercredi des seuils techniques clés et les analystes techniques estiment que Wall Street devrait enregistrer le début de la correction tant attendue après une envolée de 70% de l'indice S&P 500 depuis mars 2009.

L'indice Dow Jones a notamment fini la journée de mercredi en dessous de sa moyenne mobile de 50 jours pour la première fois depuis octobre, lorsque les marchés d'actions avaient fait une tentative avortée de correction.

Depuis mercredi, les indices Dow Jones et S&P 500 ont perdu près de 3%, redescendant ainsi de leurs plus hauts de 15 mois touché le jour précédent.

"C'est le début d'une correction. Cela couvait depuis des mois", note John Kosar, analyste et président d'Asbury Research. "Il y a là plus de probabilité de baisse que de possibilité de hausse jusqu'à ce que nous ayons eu une correction."

Outre la détérioration technique observée, Wall Street a débuté la nouvelle année dans un environnement moins rassurant, l'administration Obama cherchant à limiter les prises de risques des banques.

PRISES DE BÉNÉFICES RAPIDES

A cela s'ajoutent également des inquiétudes liées à la Chine qui pourrait brider sa reprise en durcissant les conditions de crédit, trop tôt aux yeux des investisseurs, pour éviter une surchauffe de son économie.

Des prévisions d'entreprises jugées décevantes pour 2010 n'arrangent rien et ont éclipsé les résultats meilleurs qu'attendu annoncés jusqu'ici pour le quatrième trimestre 2009.

Selon John Kosar, la tendance actuelle pourrait ainsi conduire l'indice S&P 500 à tomber vers les 1.084-1.100 points, un support qui devrait éventuellement inciter à de nouveaux achats de titres.

Mais si ces derniers ne se concrétisaient pas, alors l'indice pourrait perdre 10%, voire davantage, par rapport au récent plafond atteint.

Le S&P 500 se situait autour de 1.113 points vers 16h45 vendredi.

Les secteurs-clés ne sont pas non plus exempts de difficultés, les valeurs financières et technologiques reculant après le récent "rally" observé. Comme il est traditionnellement d'usage, les investisseurs prennent leurs bénéfices sur les valeurs qui ont le plus progressé ces derniers temps, dès que les choses se corsent.

Le cas d'International Business Machines est d'ailleurs exemplaire. Malgré l'annonce mardi de résultats meilleurs qu'espérés par le marché, le titre a reculé, les investisseurs préférant sanctionner des prévisions jugées trop conservatrices que saluer des trimestriels encourageants.

En l'absence de valeurs capables de tirer le marché, les Bourses sont plus vulnérables, en particulier avec l'accélération du rythme des annonces de résultats dans les semaines à venir et le risque accru d'être déçu.

"Tout le monde veut savoir si c'est le début de la correction de 10% qu'on attend depuis longtemps. Ce que je dis, c'est que je n'ai pas encore assez d'éléments pour le dire déjà. Pour le moment, nous sommes seulement redescendus d'un très léger pic de deux semaines", juge John Schlitz, d'Instinet.

Version française Alexandre Boksenbaum-Granier, édité par Dominique Rodriguez