Les déclarations de responsables monétaires chinois ont contribué à une stabilisation des marchés financiers secoués par la perspective d'une réduction de la liquidité mondiale également alimentée par l'annonce d'une réduction progressive de ses achats d'actifs par la Réserve fédérale américaine.

La Banque populaire de Chine (PBoC) s'est dite prête à apporter des liquidités aux banques confrontées à une pénurie temporaire, précisant l'avoir déjà fait pour certaines institutions.

Elle a par ailleurs estimé dans un communiqué qu'il n'y avait pas de pénurie globale de liquidités et que le resserrement actuel s'estomperait progressivement.

L'un de ses responsables avait auparavant déclaré à la presse que la banque centrale piloterait les taux vers des "niveaux raisonnables".

"Une gestion appropriée des liquidités contribuera à maintenir une croissance raisonnable de la masse monétaire en Chine (...), et la Banque populaire de Chine mènera la gestion des liquidités de façon souple", a ajouté Ling Tao, vice-président de l'institution.

"LE PIRE EST PASSÉ"

Au lendemain d'une réunion du Comité de stabilité financière (CSF) où cours de laquelle la question de la liquidité dans tous les grands marchés mondiaux a été débattue, son président, Mark Carney, a estimé que les autorités chinoises avaient la situation "bien en main".

Après les propos jugés rassurants des autorités monétaires, les actions chinoises ont quasiment effacé leurs pertes mardi en clôture, après avoir touché des plus bas de quatre ans et demi en séance.

L'indice des grandes valeurs cotées à Shanghai et Shenzhen a lui aussi nettement réduit ses pertes en toute fin de séance pour terminer en baisse de 0,27%, après avoir perdu jusqu'à près de 7% et touché son plus bas niveau depuis février 2009.

Le taux interbancaire au jour le jour a parallèlement reculé pour la troisième séance d'affilée, à 5,83%, après avoir atteint 11,74% au plus haut jeudi dernier. Sa détente a été favorisée par la décision de la PBoC de ne pas modifier le montant des liquidités injectées mardi.

La position neutre de la PBoC semble indiquer qu'elle a décidé de lâcher un peu de lest par rapport à la semaine dernière, lorsqu'elle avait drainé quatre milliards de yuans (500 millions d'euros) via une émission de bons à trois mois.

"La PBoC semble avoir assoupli légèrement sa position, a déclaré un opérateur sur le marché monétaire d'une banque commerciale chinoise basée à Shanghai. "Le pire du resserrement sur le marché est passé."

PREMIER TEST POUR LE NOUVEL EXÉCUTIF

La banque centrale chinoise a provoqué un assèchement des liquidités sur le marché interbancaire la semaine dernière afin de maîtriser une croissance du crédit considérée comme excessive, en particulier pour les financements non-bancaires ("shadow banking").

Cet assèchement et le message sévère de la banque centrale, qui a dit dimanche qu'il y avait largement assez de liquidités dans le système financier chinois mais qu'il n'était pas utilisé à bon escient, ont particulièrement fait souffrir les petites banques qui comptent beaucoup sur le refinancement de la PBoC.

Plusieurs économistes ont toutefois salué ce changement de tactique de la banque centrale, estimant qu'il fallait accepter de détourner l'économie chinoise des investissement à fort effet de levier dans les infrastructures et l'immobilier au bénéfice d'une croissance plus soutenable.

Les turbulences sur les marchés depuis une semaine et les réactions de panique des investisseurs dans ce contexte, reflètent néanmoins le risque de voir cette nouvelle approche déclencher une crise du crédit.

"Nous pensons que le plus gros risque est que la PBoC ne gère pas correctement la situation", estiment les analystes de Bank of America Merrill Lynch dans une note de recherche.

"S'occuper des banques qui violent les règles devrait se faire en améliorant la réglementation prudentielle et non en organisant une crise du crédit interbancaire qui pourrait avoir des effets indésirables en cas de perte de la confiance entre banques."

avec le bureau de Pékin, Juliette Rouillon et Marc Joanny pour le service français, édité par Marc Angrand

par Gabriel Wildau et Kazunori Takada