S'il est confirmé, le pacte de coalition, que les Verts et les communistes ont approuvé en début de semaine, sera la première fois que la gauche française s'unit depuis 20 ans - mais sous la houlette de LFI, parti eurosceptique et de gauche cette fois-ci.

"Nous voulons avoir des législateurs dans une majorité de circonscriptions, pour empêcher Emmanuel Macron de poursuivre sa politique injuste et brutale... et vaincre l'extrême droite", ont déclaré les socialistes et LFI dans une déclaration commune après des jours de discussions difficiles.

L'accord a pris forme sous la direction du chef incendiaire de LFI, Jean-Luc Mélenchon, qui a obtenu de bien meilleurs résultats que le Parti socialiste (PS) en difficulté lors de l'élection présidentielle du mois dernier.

Mélenchon a rompu avec le PS en 2008 après avoir échoué à diluer sa position pro-européenne, et cela était apparent dans l'accord de mercredi, dans lequel le PS autrefois très pro-européen a accepté de "désobéir" ou du moins de "s'écarter temporairement" des règles de l'UE sur un certain nombre de politiques économiques, sociales et budgétaires.

La déclaration, qui devait encore être approuvée par le comité national du PS lors d'une réunion jeudi soir, indique que les deux partis souhaitent que l'UE se concentre davantage sur les droits sociaux et la protection de l'environnement.

Les politiques de la nouvelle alliance de gauche comprennent également des projets visant à abaisser l'âge de la retraite de 62 à 60 ans, à augmenter le salaire minimum et à plafonner les prix des produits essentiels.

POINT DE VIRAGE

M. Macron a remporté un second mandat présidentiel le mois dernier, mais il aura également besoin d'une majorité au Parlement pour faire avancer ses politiques pro-business, notamment le relèvement de l'âge de la retraite à 65 ans.

La cérémonie de prestation de serment pour son second mandat aura lieu samedi, tandis que certains des candidats de son camp pro-UE pour les élections de juin devraient être connus plus tard cette semaine.

S'il est confirmé par le PS jeudi, le succès de Mélenchon à conclure l'accord de mercredi avec un parti qui a longtemps été la force dominante de la gauche marquerait un tournant.

Le PS a donné à la France deux présidents depuis la Seconde Guerre mondiale et a été une force motrice de l'intégration européenne.

Mais les socialistes avaient peu de poids dans les négociations. Leur candidate à la présidence, la maire de Paris Anne Hidalgo, a recueilli un maigre 1,75 % des voix exprimées lors du scrutin du mois dernier, tandis que Mélenchon est arrivé troisième avec 22 %.

Des vétérans socialistes, dont l'ancien chef du parti Jean-Christophe Cambadelis, ont déjà appelé leurs collègues à bloquer l'accord, affirmant qu'il pourrait marquer la fin d'une force pro-UE à gauche.

Corinne Narassiguin, l'une des principales dirigeantes du parti, a déclaré que l'accord - en vertu duquel un seul législateur de chaque parti qui rejoint l'alliance se présentera dans une circonscription - prévoit que le PS n'aura que 70 candidats en France métropolitaine, et peut-être un peu plus dans les territoires d'outre-mer.

La chambre basse française compte 577 législateurs.

Un récent sondage Harris Interactive montre qu'une gauche unie et une alliance entre le parti centriste de Macron et les conservateurs sont au coude à coude, avec chacun 33 % des voix aux législatives. Toutefois, dans le système électoral français à deux tours, les projections montrent que cela pourrait encore donner une majorité de sièges à Macron.