L'indicateur résumé de l'opinion des ménages a baissé d'un point à -44 en données corrigées des variations saisonnières , conformément à la prévision moyenne de 20 économistes interrogés par Reuters.

Il avait rebondi de trois points en novembre à -43, en réaction à la décélération de l'inflation. Son record en 21 ans d'enquête, à -47, remonte à juillet quand le taux d'inflation avait culminé à 3,6% - un chiffre depuis redescendu à 1,6%.

La plupart des soldes d'opinions pris en compte dans l'indicateur résumé n'ont que faiblement varié en décembre. Si les perspectives d'évolution du niveau de vie sont retombées à leur plus bas historique de -59 - un record déjà atteint en octobre et en juillet - le solde mesurant l'opportunité de faire des achats importants s'est redressé de deux points à -36, un signe encourageant à la veille de l'ouverture des soldes d'hiver.

CONSOMMATION RAPLAPLA

Mais l'enquête, réalisée du 1er au 20 décembre auprès d'environ 2.000 ménages, montre aussi un regain de pessimisme sur l'évolution du marché du travail dans les 12 prochains mois alors que le nombre de demandeurs d'emploi a augmenté de 100.000 en octobre et novembre.

Le solde sur les perspectives d'évolution du chômage, non pris en compte dans l'indicateur synthétique, a encore augmenté de quatre points à 79 en décembre, nouveau record, alors qu'il se situait à 39 cet été et à 1 en décembre 2007.

"Il y a un complet renversement entre l'impact de la peur du chômage qui a remplacé les dommages créés par la montée de l'inflation sur le pouvoir d'achat," constate Olivier Gasnier, économiste chez Société générale.

"Tout ça s'est rééquilibré et on en est toujours au même stade où la confiance est à un très bas niveau et donc compatible avec une consommation assez 'raplapla'."

L'enquête, ajoute-t-il, montre aussi une remontée des intentions d'épargne qui ne plaide pas non plus en faveur d'une consommation dynamique.

Le solde sur l'opportunité d'épargner, tombé à -6 en octobre, est remonté à 12 en novembre puis 18 en décembre.

"Cela semble bien indiquer que le surplus de pouvoir d'achat qui est donné aux ménages via la baisse des prix du pétrole va être plutôt épargné et ne va pas 'booster' la consommation," juge l'économiste.

POUR LAGARDE, LA CONSOMMATION TIENT

Christine Lagarde, la ministre de l'Economie, a assuré mardi que la consommation des ménages avait tenu en décembre.

"Les Français ont continué à consommer et les indications sont favorables pour décembre 2008 par rapport à décembre 2007, a-t-elle déclaré sur Europe 1. "La consommation a tenu."

Elle a rappelé que la consommation des ménages en produits manufacturés avait progressé de 0,3% en novembre. La statistique de décembre sera publiée le 22 janvier par l'Insee.

Christine Lagarde a relevé que le nombre de retraits bancaires effectués entre le 23 et le 28 décembre, en pleine période de Noël, avait été stable par rapport à l'année précédente avec un montant lui aussi du même ordre, de 97 euros en moyenne. "Cela signifie que les Français ont continué d'utiliser leur carte de crédit pour consommer," a-t-elle dit.

La ministre a en outre estimé que les soldes "semblent bien se présenter" grâce entre autres au temps froid qui incite à acheter des vêtements d'hiver.

Pour Olivier Gasnier, l'effet des soldes sur la consommation ne sera que de courte durée.

"Peut-être que temporairement on va profiter des soldes, mais tendanciellement, l'idée c'est qu'il ne faut pas trop compter sur la baisse des prix de l'énergie pour dynamiser la consommation, on est plutôt dans une phase de constitution d'épargne face à la crainte du chômage," explique-t-il.

L'Insee s'attend à ce que la consommation des ménages stagne au premier trimestre avant de repartir à la hausse (+0,3%) au trimestre suivant. Sur l'année 2008, sa progression ne devrait être que de l'ordre de 1%, après +2,5% en 2007, et les économistes craignent un chiffre encore inférieur en 2009.

Véronique Tison, édité par Sophie Louet