* Quatre millions de mal-logés, 12 millions de fragilisés

* Hausse inédite de la sur-occupation des logements

* La fondation critique des premiers pas du gouvernement

PARIS, 30 janvier (Reuters) - Quatre millions de personnes souffrent de mal-logement en France, conclut la Fondation Abbé Pierre dans son 23e rapport annuel publié mardi, où elle dénonce une "érosion" des piliers du modèle français de protection, du fait du gouvernement.

Outre les mal-logés et sans-logement, douze millions de personnes sont fragilisées (logement surpeuplé, loyers impayés et menace d'expulsion, copropriétés en difficulté), conclut le rapport qui invite les pouvoirs publics à donner une ambition forte à la politique en faveur du logement des personnes défavorisées.

Si la fondation salue le plan quinquennal pour le "logement d'abord et la lutte contre le sans-abrisme" présenté en septembre par le gouvernement d'Edouard Philippe, elle le juge non "compatible avec les coupes massives dans le budget du logement".

"Les premiers actes posés par le nouveau gouvernement s'en prennent frontalement tout d'abord au premier pilier du modèle de protection sociale liée au logement en France en fragilisant les APL et les HLM", estime la fondation, qui évalue à 3,2 milliards d'euros par an à partir de 2020 le total des économies sur les APL, qui concernent plus de six millions de ménages.

Le gouvernement a acté dans son premier budget une baisse de 1,5 milliard sur trois ans des aides publiques au logement versées aux locataires des HLM, dont 800 millions dès 2018, répercutée par des baisses de loyers des bailleurs sociaux.

Une baisse générale de cinq euros des APL a en outre été mise en oeuvre au premier octobre, ainsi qu'une suppression partielle du dispositif d'APL accession au 1er janvier 2018.

"L'ampleur de la ponction sur les recettes des organismes HLM est telle que l'on peut se demander si son effet ne sera pas de mettre en péril certains organismes HLM, mais aussi de fragiliser durablement le modèle lui-même", juge le rapport.

La Fondation Abbé Pierre met en garde contre la sur-occupation des logements, en hausse entre 2006 et 2013 après plusieurs décennies de déclin, avec 2,7 millions de ménages occupant des logements surpeuplés en 2013.

Elle déplore enfin "le sort indigne réservé à une partie des personnes migrantes en France", "une des causes majeures du sans-abrisme" et dénonce un "double discours, d'abord accueillant dans la bouche du président puis répressif dans celle du ministre de l'Intérieur Gérard Collomb" sur le sujet.

Le ministre de la Cohésion des territoires, Jacques Mézard, doit se rendre mardi à la présentation officielle du rapport, tout comme, dans l'opposition, des députés de la France insoumise.

(Julie Carriat, édité par Eric Faye)