Le Financial Times cite de hauts responsables européens déclarant que la Grèce recevrait en dernier recours une aide d'urgence des pays de la zone euro et de la Commission européenne.

Une information similaire rapportée par le journal Le Monde a été démentie jeudi par la France et l'Allemagne.

L'écart de rendement entre les obligations grecques et allemandes à dix ans se réduit vendredi dans la matinée à 379 points de base (pdb) contre 396 pdb en fin de séance jeudi. Cet écart avait bondi à 405 pdb dans la journée, les investisseurs craignant qu'Athènes ne soit plus en mesure d'honorer sa dette.

"Cela a été un mouvement tellement violent et nous voyons ce matin un léger réajustement. Les 'unes' (des journaux) aident également. Le consensus sous-jacent semble être que l'UE va aider la Grèce au final", explique un opérateur à Londres.

Le spread entre la dette portugaise et allemande à dix ans s'est également réduit à 116 pdb, après avoir bondi la veille à 131 pdb.

Le ministre grec des Finances, George Papaconstantinou, a de nouveau démenti vendredi l'existence de discussions avec les Etats membres sur le déblocage d'une aide.

"RÉACTION EN CHAÎNE"

Interrogé sur cette question, il a déclaré à Bloomberg TV : "Je l'ai dit plusieurs fois par le passé (...) ce n'est pas quelque chose auquel nous participons ou dont nous avons connaissance".

Dans un article publié vendredi dans le Frankfurter Allgemeine Zeitung, l'ancien économiste en chef de la Banque centrale européenne Otmar Issing estime que l'octroi d'une aide européenne à la Grèce affaiblirait l'euro et nuirait fortement à la réputation de l'Union monétaire européenne.

Les Etats membres de la zone euro sont seuls responsables de la gestion de leur dette, souligne-t-il.

"Rien n'affaiblirait davantage l'euro et ne nuirait davantage à la réputation de l'union monétaire en tant que communauté avec une monnaie stable qu'une violation flagrante du principe de la discipline financière", explique Otmar Issing qui a joué un rôle de premier plan pour conseiller le gouvernement allemand pendant la crise.

"Si la clause excluant les aides n'est pas respectée, tous les barrages vont céder. La maladie grecque va se répandre", ajoute-t-il.

Cette clause, explique l'économiste, prévoit que les Etats membres sont chacun responsable de leur finances publique et qu'ils ne peuvent garantir la dette des autres.

"Ce principe ne souffre aucune exception. Si une exception est faite, il ne sera plus possible de revenir en arrière. La crainte que la Grèce puisse déclencher une réaction en chaîne deviendra une certitude", dit-il.

Emelia Sithole-Matarise et Madeline Chambers, version française Gwénaelle Barzic