par Caren Bohan

En devenant le 44e président des Etats-Unis, il hérite de son prédécesseur George Bush une situation économique inquiétante - une récession qui s'accentue, un système financier fortement ébranlé, un effondrement du marché immobilier et un déficit de milliers de milliards de dollars.

Le prochain président a fait de la lutte contre le déclin économique sa priorité numéro un pour ses cent premiers jours à la Maison blanche.

Le Congrès travaille sur un plan de relance de 825 milliards de dollars qui combine investissements dans les infrastructures et baisses d'impôts.

Les sénateurs ont manifesté leur soutien à Obama en votant le déblocage des 350 milliards de dollars du second volet du plan Tarp (Troubled Asset Relief Program) d'aide au secteur financier.

Ce plan, voté en octobre par le Congrès, avait déjà conduit l'Etat fédéral à apporter une première tranche de 350 milliards aux établissements financiers.

Le président-élu a promis d'agir vite pour réformer le système de régulation des marchés financiers, dont les insuffisances ont été révélées par la crise des "subprimes" et la faillite de la banque Lehman Brothers.

Il doit aussi obtenir la confirmation de son choix de Timothy Geithner comme secrétaire au Trésor. Ce dernier se voit reprocher des "erreurs" dans ses déclarations d'impôts, mais cela ne devrait pas lui barrer le chemin de la nouvelle administration.

Surtout, le nouveau président ne devra pas décevoir les énormes espoirs placés en lui par les Américains.

"On attend énormément de l'administration Obama, cela ne s'était jamais vu à ce point. Il est considéré comme le sauveur du pays", explique William Keylor, professeur d'histoire à l'université de Boston. "Quoi qu'il fasse, il sera toujours au-dessous des attentes extraordinaires qui ont été placées en lui."

COMME ROOSEVELT ?

Ross Baker, politologue à la Rutgers University, estime que même si le plan de relance est rapidement voté, ses effets ne se feront pas sentir avant plusieurs mois. "Les gens s'imaginent que tout peut repartir d'un coup mais c'est tout à fait irréaliste", dit-il.

Conscient de telles attentes, Barack Obama s'emploie à les calmer et appelle ses compatriotes au réalisme.

Il a récemment souligné la gravité de la situation économique et n'a pas exclu un taux de chômage à deux chiffres, soulignant qu'une telle crise ne pouvait être réglée du jour au lendemain.

La pression se fait encore plus forte quand certains le comparent à Franklin Roosevelt, arrivé à la Maison blanche en pleine crise économique en 1933 et dont les cent premiers jours de présidence sont restés comme un modèle d'efficacité politique.

Durant cette période, Roosevelt avait fait voter 15 textes de loi dans le cadre du "New Deal" qui devait faire sortir le pays du marasme.

Comme Roosevelt, Obama a une majorité démocrate au Congrès qui doit lui permettre d'agir vite.

Mais Keylor et d'autres historiens invitent à la prudence quant il s'agit de comparer les deux hommes.

"Il ne faut pas pousser trop loin les choses", estime Leo Ribuffo, professeur d'histoire à l'université George Washington, qui rappelle que lorsque Roosevelt a été élu pour la première fois, la crise durait depuis déjà trois ans et demi et le taux de chômage était d'environ 25% - contre 7,2% actuellement.

La situation actuelle serait à comparer avec les difficultés rencontrées à la fin des années 1970 et au début des années 1980, bien plus qu'à la "Grande Dépression" des années 1930, ajoute-t-il, mais peut-être les démocrates ont-ils intérêt à faire cette comparaison afin de rallier les foules derrière Obama et sa politique.

Le prochain président s'est donné jusqu'à la mi-février pour faire adopter ses propositions sur les grands travaux, les réductions d'impôts et l'aide aux chômeurs.

Version française Guy Kerivel