Reyal Urbis, qui croulait sous un endettement de 3,6 milliards d'euros à fin septembre 2012, risque ainsi de devenir la deuxième plus importante faillite espagnole après celle de Martinsa Fadesa qui avait fait défaut sur sept milliards d'euros de dette en 2008.

Des dizaines de sociétés du secteur ont mis la clé sous la porte en Espagne, où les prix de l'immobilier se sont effondrés de 40% depuis leurs pics de 2007. Avec la récession qui se prolonge, les analystes prévoient une poursuite du mouvement de baisse.

La crise de l'immobilier a affecté par ricochet les banques espagnoles, qui ont obtenu l'an dernier une aide européenne de près de 40 milliards d'euros et rechignent aujourd'hui à secourir les acteurs du secteur en difficulté.

Reyal Urbis, contrôlée à 70% par le magnat de l'immobilier Rafael Santamaria Trigo, compte parmi ses créanciers Santander, BBVA, Bankia et Banco Popular.

L'ACTIVITÉ CONTINUE

La société, dont le portefeuille immobilier était valorisé à 4,2 milliards d'euros en juin 2012, a fait savoir qu'elle poursuivrait son activité comme le permet la loi espagnole sur les faillites en attendant un jugement du tribunal de commerce.

Elle restera dirigée par Rafael Santamaria Trigo et espère toujours parvenir à un accord avec ses créanciers compte tenu de "la bonne volonté affichée par toutes les parties prenantes à la négociation".

Reyal Urbis avait jusqu'au 23 février pour conclure un accord de restructuration de sa dette, sous peine d'un dépôt de bilan. Des sources proches des discussions avaient indiqué auparavant que les créanciers avaient rejeté une proposition portant sur 3,6 milliards d'euros.

La Commission nationale des marchés des valeurs (CNMV) - l'autorité de la Bourse de Madrid - a annoncé avant l'ouverture la suspension de la cotation du titre, qui avait fini sur un dernier cours de 0,124 euro lundi - en baisse de 99% depuis le début de la crise en juin 2007.

A la fin 2011, Reyal Urbis détenait dans son portefeuille quelque 888 logements achevés, dans un pays où le nombre de logements inoccupés dépasse le million. La société possède également huit millions de mètres carrés de terrains à bâtir et 237.000 m2 de locaux commerciaux, essentiellement composés de bureaux, centres commerciaux, locaux industriels et hôtels.

Selon les données de Thomson Reuters, Reyal Urbis compte parmi ses principaux actionnaires EBN Banco de Negocios, à hauteur de 4,76%, tandis que les établissements de crédit Unicaja et Caja de Ahorros y Monte de Piedad de Zaragoza, Aragon y Rioja détiennent chacun 4,30%.

Avec la contribution de Tracy Rucinski, Véronique Tison pour le service français, édité par Dominique Rodriguez

par Clare Kane et Tomás Cobos