Les perspectives restent en outre défavorables pour le premier semestre 2009, avec des anticipations à des plus bas historiques sur fond de baisse de la production, apprend-on dans cette enquête réalisée auprès des chefs d'entreprise.

Le solde d'opinion sur la situation actuelle de la trésorerie a chuté de 12 points en décembre dans l'ensemble de l'industrie, à -26, après déjà un recul de dix points dans la précédente enquête de juin 2008. Il se situe ainsi à son plus bas niveau depuis 1985, note l'Insee.

La dégradation la plus forte (à -28 contre -14) concerne les entreprises de plus de 500 salariés.

"La situation de trésorerie est actuellement jugée très difficile par l'ensemble des sous-secteurs industriels. Elle l'est particulièrement pour les industries automobiles et agroalimentaires : les soldes d'opinion correspondants marquent leurs niveaux les plus bas depuis 1990 (de respectivement -78 et -18)", souligne l'Institut national de la statistique.

La période a également vu une détérioration des résultats d'exploitation des entreprises, avec un solde qui a plongé de 17 en juin dernier à -16, soit son plus bas niveau depuis 1994.

La dégradation touche là encore l'ensemble des sous-secteurs industriels mais elle est plus prononcée pour les industries de l'automobile et des biens intermédiaires pour lesquels les soldes reculent à -73 et -20 respectivement, indique l'Insee.

Durant ces six mois, le volume des ventes a connu une évolution "très défavorable" avec un solde d'opinion qui se situe désormais à des niveaux proches de ceux atteints en 1993, dernière année de récession en France, relève l'institut.

ANTICIPATIONS AU PLUS BAS

L'enquête montre que le prix des approvisionnements a continué de peser sur les résultats d'exploitation mais un peu moins qu'au premier semestre grâce au fort repli du prix du pétrole amorcé cet été. Par ailleurs, les frais financiers ont exercé une influence défavorable sur la trésorerie des entreprises comme l'atteste un solde d'opinion de -26, largement en dessous de sa moyenne de longue période.

L'endettement des entreprises est en outre resté élevé et les taux d'intérêt des crédits de moyen-long terme ont poursuivi leur progression, à 5,2% en moyenne. "Cette hausse, de 20 points en moyenne sur l'ensemble des entreprises, touche les petites et moyennes entreprises industrielles mais pas celles de plus de 500 salariés," observe l'Insee.

Aucune amélioration n'est en vue pour les six premiers mois de 2009, les industriels anticipant au contraire une nouvelle dégradation de leur situation de trésorerie et de leurs résultats d'exploitation. Les soldes d'opinion correspondants tombent à respectivement -39 dans les deux cas, "très en dessous du précédent plus bas de 1993," souligne l'Insee.

"Compte tenu de la situation actuelle de trésorerie, les industriels prévoient un fort ralentissement du processus de production : tant le rythme de production que les horaires de travail ou les effectifs connaîtraient une très forte diminution au cours du premier semestre de 2009. Les dépenses d'équipement sont également attendues en forte baisse pour les six mois à venir," précise l'institut.

L'enquête semestrielle de l'Insee est réalisée auprès d'environ 4.000 entreprises de plus de 20 salariés dans les secteurs de l'industrie manufacturière et des industries agroalimentaires, ainsi que des raffineries de pétrole. Les soldes d'opinion sont la différence entre les pourcentages de réponses positives et négatives.

Véronique Tison, édité par Yves Clarisse