* Le candidat du Parti démocrate vainqueur avec 40% des voix

* Moon Jae-in prône un dialogue avec le Nord

* Le scrutin à un tour faisait suite à la destitution de Park Geun-hye (Résultats actualisés et édité avec détails)

par Ju-min Park et Cynthia Kim

SEOUL, 9 mai (Reuters) - Le candidat du Parti démocrate sud-coréen (PD ou Minjoo, centre gauche) Moon Jae-in, favorable à un dialogue avec le Nord, a largement remporté l'élection présidentielle en Corée du Sud.

Moon Jae-in, un avocat et défenseur des droits de l'homme âgé de 64 ans, était crédité de 40% des voix après dépouillement de 80% des bulletins de vote. Il devançait nettement son plus proche rival, le conservateur Hon Joon-pyo, à 25,5%.

"Je vais rendre ce pays juste et uni", a-t-il déclaré devant ses partisans rassemblés vers minuit. "Je serai un président au service de tous ceux qui n'ont pas voté pour moi."

Le scrutin se déroulait en un seul tour, mardi, et l'investiture du nouveau chef de l'Etat pour un mandat de cinq ans est prévue mercredi.

La Commission électorale a fait état d'une participation de 77,2%, une proportion jamais atteinte depuis l'élection de Kim Dae-jung en 1997 (80,7%).

Moon Jae-in va donc succéder à l'ancienne présidente Park Geun-hye, dont la destitution pour abus de pouvoir et corruption a ébranlé le système politique et économique du pays.

Lui dont les parents sont nés au nord de l'actuelle zone démilitarisée (DMZ) prône une politique d'apaisement avec la Corée du Nord - "Lorsque adviendra une réunification pacifique, la première chose que je veux faire est d'emmener ma mère de 90 ans dans sa ville natale", écrit-il dans un livre publié en janvier.

Le futur locataire de la "Maison bleue", le siège de la présidence sud-coréenne, veut aussi réformer les "chaebols", ces conglomérats familiaux comme Samsung ou Hyundai qui contrôlent l'économie sud-coréenne et dont le scandale Park Geun-hye a mis en lumière les travers.

Il souhaite en outre relancer la dépense publique pour créer des emplois, avec un objectif de 810.000 nouveaux postes dans le secteur public.

Son parti compte 119 des 299 élus à l'Assemblée nationale, ce qui l'obligera à constituer des alliances.

Moon Jae-in avait été battu de justesse par Park Geun-hye en 2012. Confirmée en mars, la destitution de sa rivale, une première pour un dirigeant démocratiquement élu en Corée du Sud, lui a offert une nouvelle chance d'accéder à la fonction suprême.

SYSTÈME THAAD

Etudiant en droit dans les années 1970, il avait été arrêté à deux reprises lors des manifestations pour la démocratie sous la dictature de Park Chung-hee, le père de Park Geun-hye, et de son successeur, Chun Doo-hwan.

De 2003 à 2008, il a été conseiller du président Roh Moo-hyun, dont le mandat a été marqué par une tentative de rapprochement avec le Nord symbolisé par l'ouverture du parc industriel intercoréen de Kaesong en 2004 et par le sommet de 2007 avec le dirigeant nord-coréen Kim Jong-il.

C'est le suicide de son mentor en 2009, impliqué dans un scandale de corruption après la fin de son mandat, qui l'a conduit à briguer une fonction élective, remportant en 2012 un siège de député à Busan mais échouant à l'élection présidentielle la même année.

En Corée du Nord, on voyait d'un bon oeil une victoire de Moon Jae-in, qui s'est prononcé pour un report du déploiement sur le sol sud-coréen du système antimissile américain THAAD, considéré comme un acte belliqueux par Pyongyang et vivement critiqué par la Chine.

"Nous devrions réunir nos forces pour ouvrir une nouvelle ère de réunification indépendante. Pour ce faire, il faut que les marionnettes du groupe conservateur accrochées au pouvoir soient définitivement écrasées", estimait lundi le quotidien officiel nord-coréen Rodong Sinmun.

Le département d'Etat américain a dit vouloir poursuivre "une coopération étroite, profonde et constructive" avec le prochain président de la Corée du Sud.

"Nous continuerons à tenir tous nos engagements (...) particulièrement en ce qui concerne la défense contre la menace en provenance de Corée du Nord", a déclaré lundi sa porte-parole Katina Adams à l'agence de presse Yonhap.

Le président américain Donald Trump a promis d'empêcher le régime de Pyongyang de se doter de missiles balistiques intercontinentaux aptes à transporter une charge nucléaire dans un rayon englobant le territoire des Etats-Unis. (avec Se Young Lee, Danielle Rouquié, Jean-Stéphane Brosse, Henri-Pierre André et Tangi Salaün pour le service français, édité par Gilles Trequesser)