PARIS, 23 janvier (Reuters) - Le Haut-commissariat des Nations unies (HCR) appelle jeudi la France à un engagement continu en matière de réinstallation des réfugiés, à l'heure où quelque 1.300 exilés se sont vus accorder l'asile par Paris depuis le Niger et le Tchad.

Quelques semaines après l'adoption à l'Assemblée générale des Nations unies du Pacte mondial sur les migrations, un texte non contraignant qui a déclenché des tempêtes politiques animées par les mouvements nationalistes et causé la chute du gouvernement belge, Volker Türk, Haut-commissaire assistant du HCR en charge de la Protection, a défendu un second texte adopté à New York l'an dernier, le pacte mondial pour les réfugiés.

En visite à Paris dans le cadre d'un "dialogue de haut niveau" avec le gouvernement et la diplomatie française ainsi que les acteurs de l'asile (Ofpra, CNDA), l'émissaire du HCR a défendu lors d'une conférence de presse la nécessité d'avancer la coopération internationale pour aider les pays du Sud les plus affectés par les mouvements de réfugiés.

"Un des objectifs du pacte, c'est d'augmenter les solutions dans les pays tiers, surtout la réinstallation mais aussi des mesures d'admission complémentaires, comme la réunification familiale mais aussi des parrainages", a-t-il déclaré.

La France, qui a promis en 2017 d'accueillir 3.000 réfugiés réinstallés depuis le Niger et le Tchad d'ici la fin 2019, a pour l'heure accepté 1.300 exilés, a précisé le HCR.

"J'aimerais bien avoir de la prévisibilité pour les programmes de réinstallation, sur la base de ce que la France fait déjà, bâtir là-dessus et avoir un engagement continu sur lequel construire dans les années à venir", a déclaré jeudi Volker Türk, avant de rencontrer les autorités françaises.

Plus de 84% des réfugiés se trouvent dans les pays du Sud, plutôt que dans les pays industrialisés, a-t-il souligné. Les réinstallations, qui sont loin de correspondre à l'ampleur des flux mais répondent à l'urgence des plus vulnérables (femmes, enfants, malades, LGBT) sont en baisse, déplore-t-il.

"Le chiffre actuel n'est pas suffisant. On avait en 2016 un peu plus de 100.000 personnes acceptées, maintenant on est à 75.000, on peut quand même trouver des moyens pour augmenter ce chiffre", a-t-il estimé, appelant en outre à "un système prévisible de débarquement" pour les réfugiés secourus en Méditerranée.

"L'Europe doit s'unir pour faire face à cette situation", a-t-il dit.

D'autant que sur le continent européen, les arrivées ont décliné depuis le pic de 2015. "On est plus ou moins à la moyenne de ce qu'on a eu dans les années 2000, après la crise en ex-Yougoslavie", a estimé l'émissaire, déplorant qu'au niveau politique, certains "donnent l'impression aux Européens qu'il y a des masses en train de venir, ce qui n'est pas du tout le cas".

Pour autant, les exodes continuent sur plusieurs théâtres de conflit. En Syrie, "les conditions actuelles ne sont pas encore favorables à la promotion du rapatriement volontaire", a estimé le Haut-commissaire, "il faut avoir des conditions très claires, des garanties de sécurité et de dignité".

Loin de la Méditerranée, au Venezuela, où trois millions d'habitants se sont déjà exilés, l'organe des Nations unies mise sur un "chiffre de travail" total de cinq millions de déplacés par la crise politique. (Julie Carriat, édité par Yves Clarisse)