Dans le mois précédent la décision de la Banque du Japon, rendue publique vendredi dernier, le rendement du 10 ans est passé de 0.16% à 0.48%. Malheureusement, au terme de la réunion de politique monétaire, ce dernier a reperdu une partie du terrain gagné. Il faut dire que le mont Fuji-Yama a accouché d’une souris. Je m’explique : certes la BoJ a abandonné ses prévisions sur les futurs niveaux de taux d’intérêt et appelé à un examen de ses politiques sous 12 à 18 mois. L’idée est d’évaluer l’impact de la politique monétaire en vigueur depuis 25 ans sur les prix et l’économie. Il n’est jamais trop tard de s’assurer que les moyens mis en œuvre pour lutter contre la déflation ont effectivement portés leurs fruits. En attendant les conclusions, la BoJ a maintenu ses taux directeurs inchangés, oscillant entre inflation rampante et risque de récession aux Etats-Unis. 

Aux Etats-Unis justement, les dernières données macroéconomiques ne sont pas des plus encourageantes au point que certains analystes global-macro parlent du pire des trois mondes : une inflation en hausse, un marché du travail très résilient et une croissance en berne. De là à parler de stagflation il n’y a qu’un (petit) pas. Nous nous abstiendrons de franchir le Rubicon pour le moment et considérons plutôt les données publiées : les demandes d’allocation chômage sont ressorties nettement en deçà des attentes à 230k au lieu de 248k. De son côté, le PIB américain est tombé à +1.1% en rythme annualisé contre +1.9% attendu. Enfin, l’indicateur préféré de la Fed pour évaluer le niveau d’inflation, le PCE Core déflaté est en hausse de 0.3% en rythme mensuel et de 4.6% en rythme annuel. Même si ces chiffres sont en ligne avec les attentes, il semble toujours trop tôt pour considérer que la bataille contre l’inflation était d’ores et déjà gagnée. Autrement dit, la Fed a encore du chemin à faire pour maîtriser le monstre qu’elle a elle-même créé au point que les probabilités d’une hausse de taux de 25 points de base atteignent désormais 86% selon l‘outil Fedwatch du CME. 

En Europe, l’Allemagne aura échappé de justesse à une récession technique dans la mesure où son économie a stagné sur le premier trimestre. La zone euro quant à elle affiche une croissance modérée de 0.1% sur la période comparativement au dernier trimestre 2022, aidée par l’Espagne et l’Italie qui affichent une progression de 0.5%. Malgré tout, les craintes récessionnistes semblent dominer à l’image du 10 ans allemand qui se maintient sous un niveau clé à 2.55% malgré les anticipations d’une poursuite de la politique monétaire restrictive de la part de la BCE. 

(Source : Bloomberg)