Genève (awp) - La pharma, la chimie et l'horlogerie devraient permettre à l'économie genevoise d'afficher un taux de croissance supérieur à la moyenne suisse en 2019. Ces secteurs non cycliques ont été épargnés par le ralentissement conjoncturel ayant touché certains pans de l'industrie des biens d'équipement, selon la Banque cantonale de Genève (BCGE).

Pour 2019, la BCGE a fortement relevé ses prévisions pour le PIB genevois à 1,7%, contre 1,3% jusqu'ici. "La croissance à Genève s'est révélée bien meilleure à ce que j'aurais pu attendre", a indiqué mercredi en conférence de presse Valérie Lemaigre, économiste en chef de la BCGE.

L'évolution conjoncturelle sera moindre en moyenne suisse, à en croire les spécialistes de l'établissement cantonal, qui ont raboté leurs prévisions à 1,1% contre 1,3% précédemment. Cette baisse est justifiée par les incertitudes commerciales et géopolitiques qui ont pesé sur certains secteurs industriels.

Malgré tout, la Suisse reste globalement épargnée par les risques liées aux secteurs automobile et des semi-conducteurs, actuellement dans l'oeil du cyclone.

L'exposition de Genève à l'industrie manufacturière s'élève à 15% de l'activité économique totale, à comparer aux quelque 22% en Suisse. "Cela limite l'intensité de l'impact du cycle économique", a expliqué à AWP Mme Lemaigre, en marge de la conférence.

Le canton de Genève n'est cependant pas immunisé contre les chocs conjoncturels, a prévenu l'économiste. Les banques, les assurances, le services aux entreprises financières et le financement du négoce représentent 40% de l'activité et ont déjà démontré leur vulnérabilité à des crises par le passé.

Coussin de sécurité

Activités "défensives", la chimie et la pharma agissent comme un coussin de sécurité pour l'économie genevoise. "Pour l'horlogerie et la joaillerie, il n'y a pas de rupture du côté des exportations, malgré les turbulences politiques à Hong Kong, l'un des principaux débouchés. Ce secteur a réussi à contourner le problème et à livrer ses produits en Chine continentale", affirme Valérie Lemaigre. Pharma, chimie et luxe sont bien représentés dans le canton.

Pour 2020, la croissance du PIB est attendue par la BCGE à 1,5% pour Genève et 1,6% pour la Suisse, des prévisions non modifiées depuis le dernier pointage.

En glissement annuel, le taux de chômage en Suisse est attendu à 2,3% pour cette année et 2,6% la prochaine, contre 2,5% (tous deux) précédemment. En novembre, la statistique officielle du Seco faisait état d'une proportion de sans-emploi de 2,3%.

La banque a amélioré ses prévisions pour Genève. Le taux de chômage devrait se fixer à 3,8% en 2019, bien moins que les 4,4% prônés jusqu'ici. En ce qui concerne 2020, la cible de 4,4% est abaissée à 4,0%.

La BCGE a également ajusté ses calculs pour coller à la nouvelle réalité des taux directeurs. Il y a quelques mois encore, l'établissement cantonal tablait sur une normalisation graduelle de la politique monétaire en Suisse, avec une cible à -0,25% d'ici la fin 2020.

Pour Valérie Lemaigre, la problématique des taux bas s'explique notamment par des facteurs structurels. Le vieillissement démographique implique moins de productivité ainsi qu'une inflation et une création d'emplois limitées.

Dans ce contexte, le statu quo est de rigueur: les taux directeurs de la Banque nationale suisse (BNS) devraient stagner à -0,75% au moins jusqu'en juin 2021, affirment les spécialistes de la BCGE. Du côté de la Banque centrale européenne, le scénario va également dans le sens d'un maintien du principal taux directeur à 0%.

La BNS doit suivre le chemin tracé par son homologue de la zone euro, faute de quoi le franc risque de s'apprécier face à la devise communautaire.

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