ISLAMABAD, 6 octobre (Reuters) - Les parlementaires pakistanais ont adopté à l'unanimité jeudi une loi contre les "crimes d'honneur", trois mois après le meurtre d'une personnalité qui a suscité une vive émotion dans le pays.

Réunies pour une séance commune retransmise en directe à la télévision, les deux chambres du Parlement ont approuvé le texte, qui comble un vide juridique permettant jusqu'à présent aux meurtriers d'échapper aux poursuites à la simple condition d'obtenir le pardon de la famille de leur victime.

"La loi est censée favoriser l'amélioration des comportements et non permettre un comportement destructeur pour perpétuer l'impunité", a déclaré l'ex-sénatrice Sughra Imam, à l'origine du projet de loi.

Environ 500 femmes sont tuées chaque année au Pakistan par des membres de leur famille en raison d'un supposé outrage à l'"honneur". Dans la plupart des cas, le meurtrier est un proche qui échappe aux poursuites judiciaires en obtenant le pardon des membres de la famille.

La nouvelle loi n'autorise un tel pardon que dans le cas où la peine de mort est prononcée, et celle-ci est alors seulement commuée en peine de prison à perpétuité.

Les parlementaires ont également durci lors de la même séance la loi réprimant le viol, un crime désormais passible d'une peine plancher de 25 ans de prison.

"Ces lois sont extrêmement importantes pour les femmes au Pakistan, où le taux de condamnation pour viol est pratiquement nul, en grande partie à cause de divers obstacles techniques à l'accès à la justice", a déclaré Yasmeen Hassan, directrice générale de l'organisation non-gouvernementale Equality Now.

Les appels à une réforme s'étaient multipliés ces derniers mois après l'arrestation du frère de la star des réseaux sociaux Qandeel Baloch, morte étranglée. Le meurtrier présumé a déclaré qu'il avait été offensé par les messages qu'elle publiait.

(Mehreen Zahra-Malik; Marc Angrand pour le service français)