par Angus Berwick et Carlos Ruano

MADRID, 1er octobre (Reuters) - Le comité fédéral du Parti socialiste espagnol (PSOE), qui fonctionne comme une sorte de parlement, s'est réuni à huis clos samedi à Madrid dans un climat de tension pour tenter de voter une motion susceptible d'entraîner la démission de son secrétaire général, Pedro Sanchez.

Mais les querelles de procédure ont bloqué toute décision et, après plus de huit heures de discussions apparemment houleuses, nul n'était en mesure de dire ce qui émergerait de cette réunion historique.

"En ce moment, le parti est cassé. A ce stade, la situation est tellement déformée qu'il est impossible de régler quoi que ce soit maintenant", résumait en début de soirée Jose Antonio Perez Tapias, un des 300 membres du comité fédéral.

Le vote, s'il a lieu, est censé porter sur l'attitude à adopter au Parlement, où le président du gouvernement sortant, le conservateur Mariano Rajoy, tente de former un gouvernement minoritaire.

Si les députés socialistes s'abstiennent, Rajoy pourra le faire. Mais Sanchez exclut pour sa part de permettre au chef de la droite conservatrice, qu'il accuse de corruption, de se maintenir au pouvoir - sans parvenir pour autant à constituer une majorité alternative. Il a laissé entendre vendredi qu'il pourrait se retirer si les cadres du PSOE le désavouaient sur ce point stratégique.

Le PSOE est en pleine crise après la démission, mercredi, de 17 des 38 membres de son comité exécutif qui ont appelé Sanchez à s'effacer pour sortir de neuf mois d'impasse politique après deux élections législatives, le 20 décembre et le 26 juin, qui n'ont pas fait émerger de majorité claire.

A chaque scrutin, le Parti populaire (PP) de Rajoy est arrivé en tête mais, avec 137 élus dans l'actuel parlement, et même s'il est le seul parti à avoir progressé d'un scrutin à l'autre, n'a pas retrouvé sa majorité absolue, fixée à 176 sièges.

A défaut de solution, l'Espagne se dirigerait vers de nouvelles élections législatives, les troisièmes en un an.

Mais dans les rangs du PSOE, la stratégie de Sanchez divise, d'autant que le parti a reculé entre les scrutins législatifs de décembre (90 députés) et de juin (85 élus) et a connu une nouvelle déroute aux élections régionales du week-end dernier au Pays basque et en Galice.

Susana Diaz, présidente de l'exécutif régional d'Andalousie, a pris la tête de la fronde anti-Sanchez et réclame qu'une direction provisoire prenne les rênes du PSOE.

Sanchez, convainu d'être soutenu par une majorité d'adhérents, prône pour sa part l'organisation de primaires.

Brandissant des posters du secrétaire général et reprenant en coeur le slogan "Non au PP", ses partisans s'étaient rassemblés samedi devant le siège du parti, placé sous protection policière. Ils ont accueilli les frondeurs aux cris de "traître" et de "putschiste".

"Si, indirectement, le PSOE offre le pouvoir au PP, ce sera le suicide de notre parti", affirmait l'octogénaire Martin Sagrera, militant de longue date du parti portant une affiche "No es No" (Non, c'est non). (Henri-Pierre André pour le service français)