(Actualisé avec ouverture des bureaux de vote)

par Dave Graham et Noe Torres

ECATEPEC, Mexique, 1er juillet (Reuters) - Les Mexicains votaient dimanche pour élire leur président, un scrutin sur fond de tensions avec les Etats-Unis voisins, pour lequel le candidat de gauche, Andres Manuel Lopez Obrador, 64 ans, est donné favori.

S'il est élu, l'ancien maire de Mexico, qui se présente pour la troisième fois à la présidence, sera le premier chef d'Etat de gauche du Mexique depuis des décennies, mettant fin à l'hégémonie exercée par le Parti révolutionnaire institutionnel (PRI) et le Parti d'action nationale (Pan, droite).

Pour asseoir son pouvoir, Andres Manuel Lopez Obrador, dit AMLO, devra aussi imposer son Mouvement de régénération nationale (Morena) au Congrès, le Parlement mexicain, dont les deux chambres sont également renouvelées dimanche et où aucun parti n'a eu la majorité absolue depuis 1997.

Second malheureux aux précédents scrutins présidentiels de 2006 et 2012, AMLO bénéficie d'une avance de plus de 20 points sur ses rivaux dans les sondages. Il se présente comme le seul candidat capable de redorer le blason d'une classe politique discréditée par la corruption et par son incapacité à relancer la croissance économique et à endiguer le crime.

"Nous sommes fatigués de tant de corruption", déclare José Alfredo Ortiz, un commerçant de 32 ans qui prévoit de voter pour Manuel Lopez Obrador à Ecatepec dans la banlieue de Mexico. "Ce que les gens veulent, c'est un changement, quelqu'un qui gouverne différemment."

Le président sortant Enrique Pena Nieto ne pouvant se représenter, le PRI à l'image ternie a choisi pour la première fois un candidat hors de ses rangs pour le représenter en la personne de José Antonio Meade, 49 ans. Celui-ci a occupé divers postes ministériels sous les gouvernements du PRI ou du Pan, notamment les Finances et les Affaires étrangères.

"Le nouveau président du Mexique aura l'autorité morale et politique pour exiger que tout le monde se comporte avec intégrité et fasse de l'honnêteté une priorité de mode de vie", a déclaré Andres Manuel Lopez Obrador lors de son ultime discours de campagne dans un stade de football de la capitale.

RASSURER WALL STREET

Cherchant à rallier le soutien des partisans du nationalisme économique et des progressistes de gauche, il a promis de combattre les inégalités, d'améliorer les salaires et les aides sociales, sans faire déraper le budget.

Qualifié tour à tour de gauchiste, populiste ou nationaliste, voire, par ses détracteurs, de socialiste destructeur à la Hugo Chavez (l'ancien président vénézuélien, NDLR), AMLO a mis en avant son équipe de conseillers pour rassurer Wall Street et dire aux investisseurs américains qu'il ne mettra pas l'économie mexicaine à genou.

Mais il a également évoqué la possibilité d'organiser des référendums pour résoudre les questions controversées, notamment sur la poursuite de l'ouverture du secteur pétrolier et gazier au capital privé.

Parmi ses rivaux, Ricardo Anaya, 39 ans, à la tête d'une coalition droite-gauche, a promis de relever le salaire minimum et de porter les dépenses publiques à 5% du produit intérieur brut (PIB) d'ici 2021. Le plus jeune des quatre candidats a également promis de mettre sur pied une commission internationale d'enquête sur les allégations de corruption à l'encontre du gouvernement sortant.

Le dernier candidat, Jaime Rodriguez, dit "El Bronco" ("La brute"), est le seul candidat indépendant. Crédité de 1 à 6% des intentions de vote, il a choqué l'opinion lors d'un débat télévisé en se disant partisan de couper la main des voleurs.

Le nouveau président du Mexique héritera aussi d'une relation difficile avec son homologue américain Donald Trump sur les deux dossiers chauds du commerce et de l'immigration.

Les discussions sur la réforme de l'Accord de libre-échange nord-américain (Alena) se sont enlisées tandis que le président américain insiste pour que ce soit le Mexique qui paie pour le mur qu'il veut construire le long de la frontière entre les deux pays dans le but d'empêcher l'immigration illégale.

Manuel Lopez Obrador s'est montré prudent. Il a dit vouloir conclure un accord avec Donald Trump selon lequel il travaillerait à limiter l'immigration clandestine en échange d'une aide économique. (Avec Christine Murray; Danielle Rouquié pour le service français)