(Actualisé avec audition))

par Tabassum Zakaria et Deborah Charles

WASHINGTON, 29 octobre (Reuters) - Le général Keith Alexander, directeur de l'Agence nationale de sécurité des Etats-Unis (NSA), a déclaré mardi devant des parlementaires américains, que son organisme avait agi de façon légale et que les allégations de différents journaux européens sur le sujet étaient "complètement fausses".

Le Monde en France, Der Spiegel en Allemagne ou El Mundo en Espagne se sont fait l'écho d'informations transmises par l'informaticien Edward Snowden, ancien collaborateur de la NSA, sur le fait que les programmes américains de surveillance auraient visé des dizaines de millions d'appels téléphoniques en Europe.

Keith Alexander, entendu par la commission du renseignement de la Chambre des représentants, a déclaré que certaines données auxquelles les documents faisaient allusion avaient été recueillies par des "partenaires étrangers" de la NSA.

"Ce ne sont pas des renseignements que nous avons recueillis auprès de citoyens européens", a-t-il dit. "Cela correspond à des renseignements que nous et nos alliés de l'Otan avons recueillis pour défendre nos pays et soutenir nos opérations militaires."

Les révélations sur l'espionnage mené par la NSA de plusieurs dirigeants européens, dont la chancelière allemande Angela Merkel, ont contraint la Maison blanche à promettre des réformes et à reconnaître que la surveillance électronique menée par les Etats-Unis était peut-être allée trop loin.

On a appris mardi auprès d'une source proche de la situation que le président Barack Obama avait récemment demandé à la NSA de restreindre ses programmes de surveillance au siège des Nations unies, à New York. (voir [ID:nL5N0IJ3XN)

"PAS SPÉCIFIQUE AUX ETATS-UNIS"

Keith Alexander, son adjoint Chris Inglis, le directeur du renseignement américain, James Clapper, et le vice-ministre de la Justice, James Cole, étaient entendus lors d'une audition publique, à l'ouverture de laquelle Mike Rogers, président de la commission parlementaire, a reconnu l'importance des programmes de surveillance.

"Tous les pays recueillent des renseignements à l'étranger", a-t-il dit. "Cela n'est pas spécifique aux Etats-Unis."

James Clapper a par la suite exprimé le même point de vue, en soulignant que la compréhension des "intentions des dirigeants" étaient l'une des principales missions du renseignement américain.

Dans la salle d'audience, des manifestants arboraient des panneaux sur lesquels on pouvait lire "Arrêtez de nous espionner", et certains ont scandé "Mensonges, mensonges, encore des mensonges".

Une audition de même nature menée devant le Sénat fin septembre avait conduit à plusieurs propositions dont une limitation sur le programme de collecte des métadonnées par la NSA et une interdiction de la collecte des contenus des conversations téléphoniques.

Les sénateurs exigeaient par ailleurs que les analystes de la NSA aient "un soupçon raisonnablement clair" qu'un numéro de téléphone soit associé à une activité de nature terroriste pour demander un accès aux données.

La Maison blanche a déclaré lundi que les agences américaines de renseignements avaient peut-être besoin de "contraintes supplémentaires", et Dianne Feinstein, présidente de la commission sénatoriale sur le sujet s'est dit "totalement opposée" à la collecte d'informations sur les alliés des Etats-Unis. (Pierre Sérisier et Julien Dury pour le service français)