(Actualisé avec précisions de Djibouti §5, 6)

PARIS, 23 décembre (Reuters) - Le djihadiste français Peter Chérif, recherché depuis 2011 et arrêté le 16 décembre à Djibouti, a été expulsé vers la France où il a été interpellé et placé en garde à vue à son arrivée dimanche, a annoncé le parquet de Paris.

Il a été interpellé à l'aéroport parisien de Roissy-Charles-de-Gaulle dans le cadre d'une enquête préliminaire ouverte par le parquet de Paris en mai 2017 pour association de malfaiteurs terroriste criminelle, ajoute-t-on de même source.

Cette enquête confiée à la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) vise son séjour dans les zones du Moyen-Orient où ont sévi ou sévissent encore les mouvements extrémistes tels que Al Qaïda et l'Etat islamiste, précise une source familière de ce dossier.

"Je salue l'efficacité de nos services et les échanges internationaux qui ont permis son arrestation", a déclaré le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, sur son compte Twitter. "Il avait fui la justice française. Il devra devant elle répondre de ses actes."

Dans un communiqué publié samedi, la présidence de la République de Djibouti a revendiqué la capture du djihadiste présumé ainsi que de sa famille à Balbala, un quartier populaire de Djibouti.

Peter Chérif était entré à Djibouti par la mer depuis le Yémen, dans la ville littorale d'Obock, ont indiqué les autorités djiboutiennes. Il était en possession de faux documents d'identité yéménites, ont-elles ajouté, assurant que le terroriste présumé serait remis à la France.

Proche des frères Chérif et Saïd Kouachi, les auteurs de l'attentat contre la rédaction de Charlie Hebdo en janvier 2015, Peter Chérif, alias Abou Hamza, 36 ans, ancien délinquant converti à l'islam radical au début des années 2000, a notamment fait partie de la filière dite des Buttes-Chaumont, à Paris.

Il a rejoint la nébuleuse islamiste Al Qaïda et combattu en Irak en 2004, où il a été capturé. Il a réussi à s'échapper en 2007, avant d'être arrêté de nouveau en Syrie, puis extradé vers la France, où il s'est volatilisé le dernier jour de son procès, lors duquel il a comparu libre, début 2011.

Il a alors disparu au Yémen, dont la branche locale d'Al Qaïda revendiquera trois ans plus tard le massacre de Charlie Hebdo (12 morts) le 7 janvier 2015.

C'était un des djihadistes français les plus recherchés. Son arrestation à Djibouti est "une très bonne nouvelle parce que ce terroriste a joué un rôle important dans l'organisation de l'attentat contre Charlie Hebdo", avait déclaré vendredi la ministre française des Armées, Florence Parly.

L'instruction du dossier des attentats de janvier 2015 a été close le 19 novembre dernier et le parquet de Paris a requis le renvoi de 14 personnes devant une cour d'assises composée de magistrats professionnels.

Les avocats des parties civiles de ces attentats (outre Charlie Hebdo, la prise d'otages meurtrière d'une supérette cacher et l'assassinat d'une policière) espèrent que son arrestation pourra apporter des réponses aux questions qui se posent encore, notamment sur les commanditaires. (Emmanuel Jarry, avec Abdourahim Arteh à Djibouti, édité par Julie Carriat )