par Giuseppe Fonte et Angelo Amante

14 juillet (Reuters) - Le gouvernement de coalition italien dirigé par Mario Draghi était proche de l'effondrement ce jeudi alors que le Mouvement Cinq-Etoiles (M5S), l'un de ses membres, a déclaré qu'il ne participerait pas à un vote de confiance au gouvernement qui doit se tenir dans la journée.

D'autres partis membres de la coalition avaient prévenu qu'ils se retireraient du gouvernement si le M5S boycottait le vote au Sénat. Le président du Conseil, Mario Draghi, a lui-même déclaré cette semaine qu'il ne dirigerait pas un gouvernement sans M5S.

La décision du M5S plonge l'Italie dans l'incertitude politique, risquant de saper les efforts visant à obtenir des milliards d'euros de fonds de l'Union européenne et pourrait conduire à des élections nationales anticipées à l'automne.

Des tractations étaient néanmoins en cours entre différents partis de la coalition pour tenter d'éviter d'avoir à tenir ce vote de confiance, a-t-on appris jeudi de sources politiques.

L'Italie doit se rendre aux urnes au cours du premier semestre de l'année prochaine et la tension monte entre les membres de la coalition, au pouvoir à Rome depuis le début de l'année 2021.

La perspective d'une crise politique a été ressentie sur les marchés financiers où les rendements obligataires italiens ont grimpé en flèche - indiquant que les investisseurs exigent une prime plus élevée pour détenir sa dette - et les actions ont chuté.

Après une journée d'intenses débats au sein du Mouvement Cinq-Etoiles, son chef de file Giuseppe Conte a annoncé mercredi qu'il ne soutiendrait pas la motion de confiance, estimant que le gouvernement devait faire davantage pour s'attaquer aux problèmes sociaux croissants de la troisième économie de la zone euro.

"Je redoute fort que septembre soit le moment où de nombreuses familles seront confrontées au choix terrible de payer leur facture d'électricité ou d'acheter de la nourriture", a-t-il déclaré, faisant référence à une forte hausse des coûts énergétiques.

Le vote de confiance concerne un plan de relance de plusieurs milliards d'euros qui inclut notamment une dotation pour construire un immense incinérateur d'ordures à Rome, un projet auquel le M5S s'oppose.

Le décret contenant les mesures a besoin d'être adopté par les deux chambres du Parlement d'ici le 16 juillet ou viendra à expiration. Le fait de tenir un vote de confiance permet d'accélérer le processus.

Le président du Conseil, Mario Draghi, a déclaré mardi qu'en cas de départ du M5S du gouvernement, ce serait au président Sergio Mattarella de décider de la suite des évènements, mais a exclu de continuer à gouverner.

Selon deux autres partis de la coalition, la Ligue (extrême droite) et le Parti démocratique (PD) (centre-gauche), des élections anticipées seraient l'issue la plus probable en cas d'implosion du gouvernement. (Rédigé par Keith Weir ; version française Dagmarah Mackos, édité par Caroline Pailliez)