Les contrats à terme sur les principaux indices new-yorkais signalent une ouverture de Wall Street en baisse de plus de 3%, qui pourrait donc effacer la majeure partie des gains engrangés mardi (+5,2% pour le Dow Jones, +6,23% pour le Nasdaq).

À Paris, le CAC 40 perd 5,29% à 3.780,80 points vers 12h00 GMT. A Londres, le FTSE 100 cède 4,49% et à Francfort, le Dax recule de 5,28%.

L'indice EuroStoxx 50 est en baisse de 5,36%, le FTSEurofirst 300 de 4,5% et le Stoxx 600 de 4,59%.

S'ils restent au-dessus de leurs plus bas de lundi, les indices européens s'acheminent ainsi vers leur huitième séance de repli sur les dix dernières.

La Fed a franchi mardi un nouveau pas dans le soutien aux marchés en annonçant qu'elle allait racheter de la dette à court terme d'entreprise, la Banque centrale européenne (BCE) a réaffirmé mercredi qu'elle restait prête à prendre des mesures de soutien supplémentaires si nécessaire et plusieurs gouvernements, en Espagne et au Royaume-Uni par exemple, ont présenté ces dernières heures d'important plans de soutien à l'économie.

Mais pour beaucoup d'investisseurs, ces mesures restent insuffisantes pour empêcher un ralentissement brutal, voire une récession, à l'échelle mondiale et pour restaurer la confiance sur des marchés financiers ébranlés par le choc en cours, alors que les interrogations se sont de plus en plus pressantes sur la capacité de survie de certaines entreprises et l'endettement de certains Etats.

"Il semble impossible d'investir en actions tant que la pandémie n'est pas sous contrôle et aucun coupe-circuit ne peut mettre fin à une volatilité extrême", résume Emmanuel Cau, responsable de la stratégie actions européenne de Barclays, pour qui "la chute de 35% de l'indice Stoxx jusqu'à présent est en ligne avec la moyenne des récessions précédentes mais une baisse supplémentaire est possible".

VALEURS EN EUROPE

La quasi-totalité des secteurs de la cote européenne perdent plus de 4% et la baisse atteint 7,52% pour celui des valeurs industrielles, qui souffre entre autres des commentaires négatifs de JPMorgan sur les perspectives du secteur de l'aéronautique avec la chute du trafic aérien.

Airbus chute ainsi de 17,62%, Safran de 19,94%, le motoriste Rolls-Royce de 15,93%.

Les sociétés cotées lourdement endettées sont elles aussi en forte baisse: à Paris par exemple, EDF décroche de 11,47%.

Seul secteur en hausse, celui des télécoms profite de son statut défensif: Orange gagne 5,59% à Paris, BT Group 3,4% à Londres, Telecom Italia 5,11% à Milan.

TAUX

La tension continue de monter sur le marché obligataire de la zone euro, un mouvement amplifié par le manque de liquidité et qui se traduit principalement par un creusement des écarts de rendement entre les pays de la région.

Celui des titres à dix ans italiens a pris jusqu'à plus de 60 points de base en début de séance et dépassé 3% pour la première fois depuis fin 2018 avant de revenir à 2,695%, aidé par une information selon laquelle la Banque d'Italie est en train d'acheter du papier italien.

Son équivalent espagnol prend 25 points, le portugais 24 points et le français 11 points alors que celui du Bund allemand affiche une hausse de 13 points à -0,299%, au plus haut depuis janvier.

Le spread (écart de rendement) Italie-Allemagne, lui, avoisine désormais 300 points de base contre 130 environ il y a trois semaines à peine.

CHANGES

Le dollar poursuit sa hausse face aux autres grandes devises (+0,33%) et il a inscrit un plus haut de près de trois ans, un mouvement favorisé par le repli des cambistes sur les devises jugées les plus liquides. La devise américaine s'est appréciée de plus de 5% en moins de deux semaines.

L'euro en souffre et abandonne encore 0,2% face au billet vert, sous 1,10 pour la première fois depuis fin février.

PÉTROLE

Les cours du brut sont orientés à la baisse pour la troisième séance consécutive et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) est tombé à son plus bas niveau depuis 17 ans, conséquence de la dégradation continue des perspectives de demande.

Le Brent abandonne 3,13% à 27,83 dollars le baril après avoir inscrit, à 27,56, son plus bas niveau depuis 2016; le WTI cède 6,05% à 25,32 dollars, un niveau jamais atteint depuis avril 2003.

Les analystes de Goldman Sachs n'excluent plus désormais que le prix du Brent tombe à 20 dollars au deuxième trimestre, son niveau de 2002.

(Marc Angrand, édité par Blandine Hénault)

par Marc Angrand