PRETORIA, 11 octobre (Reuters) - Le ministre sud-africain des Finances, Pravin Gordhan, a assuré mardi qu'il ne démissionnerait pas de son poste après avoir été convoqué plus tôt dans la journée devant la justice qui le soupçonne de fraude.

L'annonce de la convocation de Gordhan a fait plonger le rand sud-africain, qui a cédé jusqu'à 3,4% face au dollar.

Dans un communiqué, le ministre, qui se dit depuis des mois victime d'une cabale politique, assure qu'il continuera "à faire (s)on travail".

"La lutte contre la corruption, la mauvaise gestion et le gaspillage de fonds publics continue", ajoute-t-il.

Le président Jacob Zuma lui a de son côté "réaffirmé son soutien", même si de nombreux commentateurs le soupçonnent d'être à l'origine de l'enquête visant Gordhan, avec lequel il entretient des relations tendues.

Le procureur Shaun Abrahams, qui a convoqué Gordhan le 2 novembre, l'accuse d'avoir coûté 1,1 million de rands (72.000 euros) au fisc sud-africain (SARS) en approuvant, lorsqu'il était à la tête du service, de 1999 à 2009, le départ à la retraite anticipée d'un des responsables du service puis son emploi comme consultant.

Il est aussi soupçonné d'avoir mis en place à cette époque une entreprise d'espionnage d'hommes politiques, dont Jacob Zuma, a confirmé le procureur.

Gordhan a été interrogé une première fois au mois de février par les Hawks, l'unité d'élite de la police sud-africaine, et les soupçons qui pèsent sur le ministre des Finances, un des seuls dirigeants du pays à inspirer encore la confiance des investisseurs, a depuis fragilisé le rand et l'économie dans son ensemble.

En août, Gordhan a refusé de répondre à une convocation de la police qui voulait l'interroger sur les soupçons d'espionnage politique, en niant toute malversation.

Le Congrès national africain (ANC) au pouvoir l'a depuis appelé à répondre aux convocations en faisant valoir que l'enlisement de l'enquête était néfaste à l'économie.

(Joe Brock; Tangi Salaün pour le service français)