Oslo (awp/afp) - Le plus gros fonds souverain au monde, le fonds de pension public de la Norvège, a perdu quelque 100 millions d'euros par jour au premier trimestre, pertes auxquelles s'ajoutent les premiers retraits d'argent par l'État norvégien.

Pâtissant de la chute des marchés boursiers, le fonds investi en titres financiers et dans l'immobilier a accusé un rendement négatif de 0,6%, ou 85 milliards de couronnes (9,2 milliards d'euros), sur les trois premiers mois de l'année, a annoncé jeudi la banque centrale norvégienne chargée de sa gestion.

Sa valeur est tombée à 7.079 milliards de couronnes (753 milliards d'euros) fin mars contre 7.475 milliards à la fin 2015.

Outre les pertes financières, la dégradation est due à des effets de change purement comptables - la couronne norvégienne s'est appréciée par rapport à plusieurs devises dans lesquelles les investissements sont réalisés - et par des ponctions inédites de l'État.

Signe que le pays scandinave a mangé son pain blanc, le gouvernement a en effet effectué les premiers prélèvements nets dans le fonds en 20 années d'existence, y siphonnant 25 milliards de couronnes pour équilibrer son budget.

Conséquence de la chute des revenus pétroliers de l'État dans le sillage du repli du cours du baril, ces ponctions signifient que la Norvège a cessé d'économiser pour la première fois depuis deux décennies.

Ce sont les actions, qui représentent 59,8% du portefeuille du fonds, et, dans une moindre mesure, l'immobilier (3,1% du portefeuille) qui ont plombé les performances du fonds avec un rendement négatif de respectivement 2,9% et 1,3%.

Seules les actions venues des marchés émergents ont affiché un léger rendement positif sur les trois premiers mois de l'année.

"Les deux premiers mois de 2016 ont été caractérisés par une forte volatilité sur les marchés et des craintes sur un ralentissement chinois", a noté Trond Grand, un haut responsable de la Banque de Norvège, dans un communiqué.

Puis "les turbulences se sont nettement apaisées en mars", a-t-il ajouté.

Les placements obligataires, qui représentent les 37% d'actifs restants, ont quant à eux rapporté 3,3%.

Censé garantir le financement pérenne du généreux État-providence, le fonds norvégien pourrait être bientôt détrôné par celui que doit monter l'Arabie saoudite.

Le vice-prince héritier Mohammed ben Salmane a annoncé lundi son intention de créer un fonds de 2.000 milliards de dollars (1.777 milliards d'euros) grâce notamment à la vente d'une fraction du géant pétrolier Aramco.

afp/rp