La communication de la banque centrale américaine s'est brusquement assouplie au cours de la semaine. Il n'en fallait pas plus pour que les investisseurs en déduisent que les hausses de taux sont terminées, ce qui a ouvert la voie à un rebond des actions après une session août-septembre assez douloureuse. Malheureusement, le petit regain de vigueur de l'inflation américaine en septembre a instillé le doute dans les esprits. Le matraquage des publications de résultats d'entreprises attendu à partir de lundi devrait détourner un peu l'attention de la politique monétaire.
Variations hebdomadaires*
CAC 40
7003  -0.80%Graphique
STOXX EUROPE 600
449.18  +0.96%
Graphique STOXX EUROPE 600
S&P 500
4327.78  +0.45%
Graphique S&P 500
NIKKEI 225
32315.99  +4.26%
Graphique NIKKEI 225
GOLD
1928.58$  +4.36%
Graphique GOLD
BRENT OIL
90.89$  +4.08%
Graphique BRENT OIL
EURO / US DOLLAR
1.05$  -0.56%
Graphique EURO / US DOLLAR
Tops / Flops de la semaine
Tops 

Walgreens (+11%) : La chaîne américaine de pharmacies a publié un bénéfice trimestriel inférieur aux attentes, mais des revenus qui dépassent les prévisions, à 35,4 milliards de dollars. Le marché salue par ailleurs les efforts de rationalisation du groupe, qui prévoit au moins un milliard de dollars d'économie en 2024, grâce à des fermetures de magasins non rentables, des suppressions d'emplois et l'usage de l'IA. Notons que Walgreens vient de nommer un nouveau directeur général, un vétéran de l'industrie, pour mener à bien sa restructuration et sa diversification vers les services de santé. 

Rheinmetall (+16%), Saab (+13%), Northrop Grumman (+13%), Thales (+21%), BAE Systems (+11%), Leonardo (+11%), Dassault (+9%), Lockheed Martin (+8%) : Le sursaut de violence au Proche-Orient, qui vient s'ajouter au conflit russo-ukrainien et qui promet de durer, a donné un coup de fouet aux valeurs de la défense et de l'armement, des deux côtés de l'Atlantique. 

New Fortress Energy (+11%), Matador Resources (+9%), Marathon Oil (+9%), Patterson-Uti Energy (+8%), BP plc (+8%) : Alors que les menaces d'approvisionnement en énergie s'accroissent avec le conflit israélo-plaestinien, la mise en arrêt de certaines productions de la région et des craintes sur le Canal du Suez, les cours du pétrole et du gaz se tendent, et poussent les valeurs du secteur à la hausse. 

Palantir (+8%) : Le groupe américain spécialisé dans l'analyse de données a remporté un contrat auprès de l'armée américaine, pour tester et mettre à l'échelle les capacités d'intelligence artificielle et d'apprentissage automatique (machine learning), qui devrait lui rapporter jusqu'à 250 millions de dollars jusqu'en 2026. Pour rappel, le titre gagne près de 180% depuis le 1er janvier, grâce à l'essor de l'IA. 

Publicis (+7%) : Déjouant la morosité économique actuelle, le groupe français de publicité a dévoilé des trimestriels meilleurs qu'attendus. Il a également relevé ses prévisions annuelles pour la deuxième fois cette année : il prévoit désormais 5,5% à 6% de croissance organique, une marge opérationnelle à 18% et un free cash-flow de 1,7 milliard d’euros. Le marché salue également les annonces du groupe sur un déploiement massif de l'IA en interne et pour les clients. Plusieurs analystes ont relevé leur recommandation ou leur objectif de cours sur le titre. 

Flops

DaVita (-18%), Baxter (-13%), Fresenius SE (-9%) vs Eli Lilly (+8%), Novo Nordisk (+8%) : Les succès populaires et boursiers de Novo Nordisk et Eli Lilly, les principaux vendeurs de médicaments dédiés aux personnes en surpoids et obèses, continuent de mettre les concurrents du secteur sous pression. Le groupe danois a par ailleurs enfoncé le clou en dévoilant les résultats préliminaires solides de l'Ozempic sur le traitement de l'insuffisance rénale chez les diabétiques, qui devrait augmenter l'espérance de vie des patients atteints de ce type de maladies et réduire les recours à la dialyse. Notons que l'américain Eli Lilly a aussi dévoilé cette semaine les résultats encourageants de son traitement contre la maladie de Crohn.

Sartorius Stedim Biotech (-17%) :  Le fournisseur d’équipements et de services destinés à l’industrie biopharmaceutique souffre du repli de la demande liée au Covid, de l'arrêt des activités en Russie et d'un faible volume d'investissement de ses clients. En conséquence, il a revu à la baisse ses objectifs annuels pour la deuxième fois cette année, après avoir publié des résultats préliminaires décevants. Il prévoit notamment un recul du chiffre d'affaires de près de 19%. 

St James's Place plc (-15%) : Le plus grand gestionnaire de patrimoine du Royaume-Uni est sous pression : dans un souci de transparence et d'alignement aux nouvelles obligations, les régulateurs du secteur exigent que le groupe réduise davantage ses tarifs et supprime les frais de sortie facturés aux clients. Le titre du groupe abandonne plus de 38% depuis le début de l'année. 

Easyjet (-12%) : La compagnie aérienne n'a pas démérité : elle signe des résultats trimestriels solides et des objectifs annuels conformes aux attentes, mais déçoit sur le nombre de passagers transportés. Les investisseurs craignent par ailleurs que le rebond post-pandémique ne soit assombri par la reprise du conflit israelo-palestinien : le transporteur a annulé tous ses vols à destination de Tel-Aviv jusqu'au 17 octobre et promis de rembourser toutes les annulations. 

LVMH (-8%), Christian Dior (-7%), Moncler (-6%) : Les valeurs du luxe font grise mine. Les performances trimestrielles du géant français du secteur, LVMH, ont déçu : le chiffre d'affaires manque le consensus, plombé par le repli de la demande en Chine et un recul sur le segment spiritueux. Il entraîne dans sa chute l'italien Moncler et le groupe Christian Dior, qui signe pourtant des ventes en croissance de 14% sur les 9 premiers mois de 2023, mais qui est aussi pénalisé par la division spiritueux.
Graphique Matières Premières
Matières premières

Energie : La guerre ouverte entre Israël et le Hamas a ravivé les craintes sur l’approvisionnement en pétrole, les gouvernements craignant un embrasement de la région. Si le risque de contagion devait malheureusement se vérifier au sein de l’une des principales zones d’extraction de l’or noir, les prix de ce dernier pourraient rapidement dépasser les 95$ le baril (WTI).

Métaux : L’or profite également de son statut de valeur refuge (à l’image du CHF) et initie un rebond au-dessus de son soutien à 1809 $ l’once. Il faudra toutefois déborder les 1960 $ pour espérer retrouver les sommets historiques autour des 2080.

Produits agricoles : Les matières premières agricoles n’ont de leur côté que faiblement été impactées. Les céréales (blé, maïs) restent sous pression baissière tandis que le cacao s’offre une petite respiration dans sa tendance haussière en cours depuis un an.
Graphique Matières Premières
Macroéconomie

Ambiance : On rebouche le champagne. Tout semblait à peu près sous contrôle jusqu’à jeudi dernier : les banquiers centraux commençaient à laisser filtrer dans la presse que la baisse des bonds était l’équivalent d’une hausse de taux, laissant peu de place au doute quant à la posture de la Fed lors de son prochain comité de politique monétaire, prévu début novembre. Mais ça, c’était avant la publication de l’indice des prix à la consommation aux Etats-Unis. En rythme mensuel, il est ressorti au-dessus des attentes à +0.4% soit +3.7% sur une base annuelle. Pour le coup, cela a poussé les rendements obligataires à la hausse tout comme le dollar tandis que les bourses accusent le coup. Le scénario du “higher for longer” (des taux élevés longtemps) reprend du poil de la bête tandis que le doute plane de nouveau sur un possible nouveau (dernier ?) tour de vis en décembre.

Outre l'inflation américaine, ce sont les statistiques chinoises publiées vendredi matin qui ont attiré l'attention. Les chiffres du commerce sont restés faibles en septembre, tandis que l'inflation est désormais tombée à 0 sur un an, signe que la seconde économie mondiale n'est pas fringante. 

Crypto : Le bitcoin fait pâle figure en reculant de plus de 4% depuis lundi, et revient ainsi se positionner autour des 26800 dollars à l’heure où nous écrivons ces lignes. La baisse est plus marquée pour la seconde plus importante cryptomonnaie du marché, l’ether, qui recule de plus de 5% sur la même période. Cela fait maintenant 210 jours, ou 30 semaines, que les crypto-investisseurs voient le bitcoin naviguer entre 25000 et 30000 dollars. Pour patienter, la cryptosphère est animée par le procès de Sam Bankman-Fried, qui a lieu aux États-Unis et dont les témoignages sont accablants. 

 

Graphique de Cours
Le marché retient son souffle avant les publications
Les choses sérieuses commencent sur le front des publications de résultats d'entreprises du troisième trimestre, avec une cinquantaine de sociétés du "club de plus de 50 Md$ de capitalisation". Parmi elles, Rio Tinto, Johnson & Johnson, Bank of America, Lockheed Martin et Tesla aux Etats-Unis et Rio Tinto, ASML, Nestlé, L'Oréal et Roche en Europe.

Il y aura aussi de nombreuses données macroéconomiques aux Etats-Unis et en Chine, ainsi qu'une sortie assez attendue, celle du patron de la Fed, qui doit prononcer un discours le 19 octobre. Au milieu de la cacophonie récente, la parole de Jerome Powell aura probablement encore plus de poids qu'à l'accoutumée.
D'ici là, bon weekend à toutes et à tous.
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*Les variations hebdomadaires des indices et des actions affichés sur le tableau de bord concernent la période du lundi à l'ouverture des marchés respectifs au vendredi à l'heure d'envoi de cette newsletter.
Les variations hebdomadaires des matières premières, métaux précieux et devises affichés sur le tableau de bord concernent une période sur 7 jours glissants du vendredi au vendredi jusqu'à l'envoi de cette newsletter. Ces actifs continuent de coter les weekends.