Vendredi 24
avril
Le point hebdo de l'investisseur
intro L'élément marquant de la semaine sera indéniablement le krach pétrolier, avec le passage du WTI en territoire négatif, une première historique. Les places boursières ont ainsi fait preuve de volatilité, tiraillées entre des résultats d'entreprises contrastés et des statistiques en berne qui confirment l'impact marqué de la pandémie sur l'économie mondiale. Le bilan hebdomadaire s'avère négatif malgré le soutien accru des banques centrales et les plans de relance des gouvernements.
Indices

Sur la semaine écoulée, la plupart des indices ont finalement cédé du terrain. En Asie, le Nikkei a perdu 3.2%, le Hang Seng 2% et le Shanghai composite 1%.

En Europe, le CAC40 enregistre une perte hebdomadaire de 2.3%, le Dax cède 2.6% et le Footsie 0.6%. Pour les pays périphériques de la zone euro, l'Italie recule de 1%, le Portugal perd 1.3% et l'Espagne 3.9%.

Aux Etats-Unis, à l'heure de la rédaction de ce point, le Nasdaq100 baisse de 2.2%, le Dow Jones cède 3.3% et le S&P500 2.8%.

Matières premières

Quelle semaine historique sur les marchés pétroliers ! Les prix « futures » sur l'échéance du mois de mai ont été échangés à des prix négatifs. Cela en dit long sur la santé de l'industrie pétrolière, minée par une offre opulente qui ne trouve pas de contrepartie en demande. Les cours se sont toutefois nettement redressés sur la fin de la semaine, saluant les prochaines baisses de production de l'OPEP+. Le WTI se traite autour de 16.8 USD le baril, tandis que le Brent se négocie à 21.6 USD.

L'or reste vivement recherché et évolue vers ses plus hauts annuels à 1733 USD l'once. Le contexte d'incertitude entourant l'activité économique mondiale et les achats de banques centrales soutiennent le cours de la relique barbare. L'argent ne jouit pas d'un parcours aussi favorable mais gagne du terrain à 15.3 USD.
Les métaux industriels inscrivent en revanche une performance hebdomadaire négative. Le cuivre tombe à 5120 USD, le zinc se traite à 1855 USD, tandis que le plomb s'échange à 1632 USD.

Spread entre le Brent et le WTI

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Brent en noir
WTI en rouge
Marchés actions

C'est la guerre chez Lagardère.

Le fonds d'investissement Amber est monté à 18% du capital de l'entreprise dirigée par Arnaud Lagardère, avec pour ambition de dépoussiérer une gouvernance qu'il juge responsable de la mauvaise gestion de la société, désormais recentrée sur l'édition et les boutiques duty free. Pour se protéger, l'héritier de l'empire fondé par son père Jean-Luc Lagardère a convoqué le ban et l'arrière ban du capitalisme français. Vincent Bolloré et Marc Ladreit de Lacharrière ont répondu à l'appel. Le premier en faisant prendre à Vivendi 10,6% du capital, le second en montant non loin des 5% avec son holding Fimalac.

L'assemblée générale du 5 mai aurait pu être une belle foire d'empoigne. Mais le Covid-19 en a décidé autrement. Elle se tiendra à huis-clos et les débats se limiteront aux votes. Amber parviendra-t-il à déboulonner Arnaud Lagardère ? Avant l'arrivée de la cavalerie Bolloré-Ladreit de Lacharrière, ce scénario avait la faveur des pronostics, d'autant que les plus grands cabinets de conseil actionnarial (ISS, Proxinvest, Glass Lewis) estiment les griefs d'Amber fondés. Désormais, les forces en présence semblent s'être rééquilibrées. Mais pas l'action Lagardère, qui sousperforme de 66% l'indice SBF120 sur 10 ans.

Nette sous-performance de Lagardère face à l'indice SBF 120

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Marché obligataire

Les taux repartent à la hausse cette semaine, à l'exception du Bund qui se stabilise vers -0.47%, tout comme le 10 ans suisse à -0.44%. L'OAT française remonte à 0.123%.
L'écart se réduit légèrement entre les rendements d'Etat italien et espagnol. Le 10 ans espagnol s'échange à 1.049% tandis que le BTP italien progresse à 2.157%.

Outre-Atlantique, le 10 ans américain repart légèrement à la baisse, le T-bond affichant un rendement de 0.55%, contre 0.64% la semaine passée.
Marché des changes

Le dollar américain reste recherché par les cambistes dans un marché des changes relativement calme même si les incertitudes demeurent nombreuses tant sur le plan macroéconomique que sanitaire. La chute du prix du brut US n'aura pas égratigné la valeur du billet vert, qui s'apprécie face à ses contreparties. L'euro perd ainsi du terrain face au dollar à 1.07 USD, tout comme la livre à 1.23 USD. Le yen fait de la résistance, à l'image de la paire USD/JPY qui évolue complètement à plat à 107 JPY.

La monnaie unique continue à s'effriter à la fois face au franc suisse à 1.05 CHF mais aussi face au yen à 115.5 JPY.
Statistiques économiques

Exception faite du Zew allemand qui a dépassé les attentes (+28.2 contre -40 attendu), les statistiques sur l'activité en Europe étaient très négatives. Les indices PMI manufacturier et services en zone euro sont, en effet, ressortis à respectivement 33.6 et 11.7 (consensus 38.7 et 23.2).
La semaine prochaine sera rythmée par les ventes au détail, le PIB, le taux de chômage et la décision de la BCE sur les taux.

Aux Etats-Unis, les stocks pétroliers sont ressortis à 15M, les inscriptions hebdomadaires au chômage à 4427 (consensus 4350K et 5237K la semaine dernière). Les indices Flash PMI étaient contrastés, l'indice manufacturier ayant dépassé les attentes (36.9 contre 35.1 anticipé) tandis que l'indice des services s'enfonce à 27 (voir graphique). Les commandes de biens durables ont chuté de 14.4%.
Les opérateurs prendront connaissance à partir de mardi prochain de la première estimation du PIB américain pour le 1er trimestre puis de la décision de la Fed en matière de politique monétaire, des dépenses et revenus des ménages et de l'ISM manufacturier en fin de semaine.


Forte chute de l'indice Flash PMI services aux Etats-unis

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source Forexfactory
Les indices se sortent du piège pétrolier

Encore une semaine pour le moins curieuse sur les marchés financiers. Après un mois de puissant rebond, les indices ont logiquement eu besoin de souffler. L'incroyable scénario pétrolier aurait pu faire voler en éclats les gains récents, mais les places boursières ont fait preuve d'une étonnante solidité. Le tout alors que les publications trimestrielles d'entreprises sont tombées drues avec,à de rares exceptions près, un scénario unique : "la visibilité est mauvaise et les objectifs 2020 sont abandonnés".

Nous vivons vraiment une période exceptionnelle à tous points de vue. La dernière semaine d'avril se profile déjà, avec la perspective d'un déconfinement progressif pour plusieurs grandes économies occidentales sur la première quinzaine de mai. La question qui taraude tout le monde est inchangée : la reprise d'activité permettra-t-elle à l'économie de repartir suffisamment vite pour que les dégâts occasionnés par le Covid-19 ne soient pas fatals à des pans d'activités entiers.