Les places européennes viennent d’enregistrer leur pire semaine depuis octobre 2020, avec l’intensification des combats en Ukraine et l’absence d’avancées diplomatiques. Les combats autour de la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporojjia, la plus grande d'Europe, ont sonné le glas des espoirs de stabilisation ce vendredi, ravivant très nettement l’aversion au risque. La volatilité devrait rester au rendez-vous au gré des annonces sur le plan géopolitique.  
Variations hebdomadaires*
CAC 40
6061  -10.23%Graphique
STOXX EUROPE 600
421.78  -7.00%
Graphique STOXX EUROPE 600
S&P 500
4328.87  -1.27%
Graphique S&P 500
NIKKEI 225
25985.47  -1.85%
Graphique NIKKEI 225
GOLD
1967.83$  +3.03%
Graphique GOLD
LONDON BRENT OIL
117.98  +14.57%
Graphique LONDON BRENT OIL
EURO / US DOLLAR
1.09$  -2.19%
Graphique EURO / US DOLLAR
Tops / Flops de la semaine

- Rheinmetall (+40%) : le groupe allemand a profité de l'appétit retrouvé des investisseurs pour le secteur de la défense. En tant que fournisseur privilégié du gouvernement allemand, qui vient d'annoncer un gros rattrapage budgétaire militaire, l'entreprise est l'une des grandes gagnantes de la semaine.

- Occidental Petroleum (+34%) : les résultats très élevés réalisés par la société en 2021 lui permettent de porter son dividende trimestriel de 0,01 à 0,13 USD. La flambée du baril a fait le reste.

- Thales (+17%) : comme Rheinmetall, Thales est un incontournable du secteur de la défense. Le groupe a en outre publié ses résultats 2021 durant la semaine.

- Target (+12%) : les résultats du 4e trimestre fiscal ont dépassé les attentes de Wall Street, malgré les tensions sur la chaîne d'approvisionnement.

- Lockheed Martin (+10%) : les best-sellers F-16 ou C-130, les jets de nouvelle génération F35, les missiles. L'Américain est aussi un acteur de référence dans le domaine militaire. Il a naturellement profité du grand réveil occidental.

- Société Générale (-27%) : la banque rouge et noire est l'une des plus exposées à la Russie, via sa filiale Rosbank. Elle a communiqué sur une exposition de 18,6 Mds€, soit 1,7% de ses encours et 2,7% de son bénéfice net. Le groupe s'estime en mesure d'absorber un événement extrême sans remettre en cause son dividende.

- Engie (-25%) : le groupe français est exposé à hauteur de près d'1 milliard d'euros au projet Nord Stream 2, dont l'avenir est compromis par le conflit en Ukraine.

- Volkswagen, Mercedes, BMW (-20% environ) : les groupes automobiles ont annoncé l'arrêt de leurs ventes en Russie. Un coup dur pour l'industrie, qui paie aussi sa cyclicité dans le désordre actuel.

- Snowflake (-20%) : les résultats du quatrième trimestre ont dépassé les attentes, mais les prévisions du trimestre en cours sont décevantes par rapport aux projections du marché.

Graphique Mati?res Premi?res
Matières premières

Les cours des matières premières continuent à flamber, un environnement de prix élevés qui est à la hauteur des risques géopolitiques provoqués par la menace russe. A cet égard, il est intéressant de jeter un coup d'oeil à la configuration des prix à terme des principales matières premières (pétrole, cuivre, blé etc.), qui ont pratiquement toutes en commun une structure dite en backwardation, à savoir des prix comptants (échéance courte) supérieurs aux prix à terme (échéance plus longue). Les utilisateurs finaux acceptent par conséquent de payer cher pour être approvisionné tout de suite, ce qui illustre parfaitement les problèmes de disponibilité dans certaines filières du fait du boycott de l'offre russe.

Restons justement dans le registre du boycott avec le pétrole. Les acheteurs sont particulièrement réticents à s'approvisionner en pétrole russe. Cette défiance qui prend l'allure d'une auto-sanction entraîne une chute des prix des références russes par rapport à ceux du Brent (de près de 20 USD), mais même avec ce discount, les acheteurs se font rares. Ce phénomène accentue la pression haussière sur les cours des deux principales références mondiales, le Brent et le WTI, qui se négocient désormais autour de 114 et 111 USD. Il est clair que ces prix font le bonheur des membres de l'OPEP+ (en dehors de la Russie), qui ont pris la décision de s'en tenir à leur feuille de route, à savoir d'augmenter leur production de 400.000 barils par jour en avril tout en évitant le sujet brûlant de la guerre en Ukraine. Enfin, selon certaines sources de marché, un accord serait imminent sur le nucléaire iranien. Toujours dans le registre de l'énergie, un vent de panique souffle sur les prix du gaz en Europe mais également sur le cours du charbon thermique en Asie (la Russie est également un important exportateur de charbon). Les prix ont atteint des sommets, le TTF néerlandais cote 183 EUR/MWh tandis que la référence asiatique du charbon (Newcastle high-quality thermal coal) a inscrit un nouveau record à plus de 400 EUR la tonne.

Au fur et à mesure que l'inquiétude grandit, l'once d'or prend de la hauteur afin de se diriger lentement mais sûrement vers le seuil des 2000 USD. Inflation galopante, frictions géopolitiques et aversion au risque, les planètes s'alignent pour la relique barbare, qui s'offre le luxe de progresser à 1950 USD malgré la hausse du billet vert. Toutefois, la véritable star des métaux précieux n'est autre que le palladium, dont le cours revient à proximité de son zénith historique (à près de 3000 USD). Rappelons que la Russie représente un tiers de la production mondiale de palladium.

Les prix des métaux industriels poursuivent leur ascension. Les frictions géopolitiques et les sanctions occidentales entraînent une perturbation des approvisionnements. Des transporteurs maritimes comme le géant danois Moller-Maersk, suspendent temporairement leurs services vers les ports russes, tandis que certaines exportations sont tout simplement suspendues, c'est par exemple le cas de l'acier de Severstal. Par conséquent, les prix continuent à grimper en flèche. Le cuivre atteint 10.470 USD la tonne, l'aluminium s'échange à 3730 USD et le nickel se négocie à 28.800 USD au LME.

Terminons ce tour d'horizon des matières premières avec les produits agricoles, dont les cours ont connu une hausse fulgurante à Chicago. La situation se détériore en mer Noire, où deux cargos ont été coulés au large d'Odessa, le plus grand port ukrainien. De nombreuses compagnies maritimes ont ainsi suspendu leurs expéditions vers les ports de la mer Noire, ce qui bouleverse les approvisionnements en blé et en maïs. Cette perturbation pousse les principaux importateurs à sécuriser rapidement leurs approvisionnements vers d'autres pays, un choc de demande sans précédent qui alimente d'autant plus la pression sur les prix. Le prix du blé a augmenté de 40% en cinq séances à Chicago, à 1200 cents le boisseau. Rappelons que l'Ukraine et la Russie pèsent ensemble près de 30% des exportations mondiales de blé et environ 15% des exportations de maïs. 

Graphique Mati?res Premi?res
Macroéconomie

Personne ne sait encore combien de temps durera la guerre en Ukraine, mais une chose est à peu près sûre, elle est une source considérable de bouleversements macroéconomiques. Il a été question plus haut des matières premières au sens large. Nous pouvons y ajouter le dollar, qui a enfoncé l'euro à 1,0936 USD, dans un mouvement logique d'aversion au risque. L'effet-refuge traditionnel du billet vert a été accentué par l'éloignement physique des Etats-Unis du théâtre d'opérations ukrainien.

Sur le marché de la dette souveraine, même mécanisme avec un afflux de demande pour les bons du trésor US, ce qui a fait reculer à 1,78% leur rendement de l'échéance 10 ans. Mais ce n'est pas la seule raison : la trajectoire de la politique monétaire américaine est moins claire que prévu. Les investisseurs ont trouvé Jerome Powell, le patron de la Fed, plus préoccupé que prévu par les conséquences de la guerre en Ukraine. Ils pensent que la banque centrale pourrait donner moins de tours de vis que prévu cette année. En Europe, le Bund est repassé en territoire négatif à -0,06%.

Dans ce contexte morose, le marché des actifs numériques a bondi cette semaine après que le vice-premier ministre ukrainien, Mykhailo Fedorov, a annoncé le week-end dernier que son gouvernement acceptait les dons en cryptomonnaies afin de soutenir le pays face aux offensives russes. Le gouvernement ukrainien aurait reçu plus de 50 millions de dollars en dons de crypto-actifs à l’heure où nous écrivons ces lignes. Dans cette situation, le cours du bitcoin reprend quasiment 10% depuis lundi et revient graviter autour des 41 000$. 

Le jeudi 10 mars revêt une importance particulière pour les investisseurs la semaine prochaine. La Banque centrale européenne se prononcera sur sa politique monétaire, avant que les Etats-Unis ne publient les chiffres de l'inflation de février. Deux événements à fort impact pour les marchés financiers. 

Graphique de Cours
Les marchés retiennent leur souffle 
La volatilité persiste dans contexte géopolitique très tendu. Les incertitudes qui règnent sur le marché évoluent au gré de la triste situation qui se déroule à l’Est de l’Europe. Les sanctions infligées par les occidentaux ont eu un impact significatif non seulement sur les investisseurs dans les sociétés russes mais aussi sur les entreprises et les nations ayant des intérêts avec les pays concernés par la guerre. Bien évidemment, les tensions entre l'Ukraine et la Russie, en étant deux des plus grands producteurs d'énergie et de matières premières au monde, ont eu un impact incontestable à la fois sur la production et la distribution d’énergie. Le pessimisme gagne du terrain, les investisseurs sont fébriles et les marchés corrigent naturellement. La prudence reste de mise. Bon weekend à tous les investisseurs. 
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Les variations hebdomadaires des mati?res premi?res, m?taux pr?cieux et devises affich?s sur le tableau de bord concernent une p?riode sur 7 jours glissants du vendredi au vendredi jusqu'? l'envoi de cette newsletter. Ces actifs continuent de coter les weekends.