LYON, 4 avril (Reuters) - Le préfet du Rhône a été condamné jeudi par le tribunal administratif de Lyon à héberger en urgence dix familles de Roms, soit une cinquantaine de personnes, expulsées fin mars du campement qu'elles occupaient en banlieue lyonnaise.

Les cabanes avaient été rasées au bulldozer et les familles avaient trouvé un refuge provisoire dans une salle paroissiale du VIIe arrondissement de Lyon, où le cardinal Philippe Barbarin était venu leur apporter son soutien, demandant au passage aux autorités de "se réveiller".

Deux familles, qui n'avaient pas d'enfants, ont été déboutées de leur demande.

"Cette décision de justice est un grand soulagement pour ces familles qui vont pouvoir être hébergées", a estimé le père Matthieu Thouvenot qui a accueilli les Roms dans sa paroisse. "C'est aussi un soulagement pour tous les gens qui risquent d'être expulsés à l'avenir. Cette décision va aider l'Etat à fonctionner en faisant plus attention aux personnes".

Les associations, qui assistent les Roms dans leurs démarches, se sont également félicitées de cette issue judiciaire.

"C'est une décision d'une portée considérable", a déclaré Jean Philip, militant au Mrap du Rhône. "Elle montre qu'expulser des familles Roms de leurs campements sans leur proposer de solutions d'hébergement est illégal".

Le ministre de l'Intérieur "Manuel Valls dit appliquer les décisions de justice quand il expulse les gens d'un terrain. Maintenant, il va appliquer une autre décision de justice: celle d'héberger les personnes qu'il vient d'expulser", a-t-il ajouté.

La préfecture a un délai de quatre jours pour appliquer cette décision. Mercredi, le préfet Jean-François Carenco avait indiqué vouloir procéder à d'autres expulsions de campements et de squats dans l'agglomération lyonnaise.

"Le département du Rhône a été le plus généreux de France, il n'est pas raisonnable de penser qu'à Lyon, on peut loger tout le monde", avait-il dit. "J'assume ce que je fais." (Catherine Lagrange, édité par Yves Clarisse)