* BP va sortir du capital de Rosneft

* D'autres groupes présents en Russie sous pression

* L'exclusion des banques russes de SWIFT va compliquer les transactions

* Le secteur du transport aérien touché lui aussi

par Ron Bousso et Nerijus Adomaitis

LONDRES, 28 février (Reuters) - En annonçant son retrait total de Russie, la réaction la plus forte d'une entreprise depuis l'invasion russe de l'Ukraine, le groupe pétrolier BP a ouvert un nouveau front dans la campagne lancée par l'Occident pour isoler Moscou aussi bien économiquement que diplomatiquement.

Cette décision s'ajoute à l'annonce ces derniers jours de la fermeture de l'espace aérien européen aux compagnies russes, de l'exclusion de la majorité des banques russes du système international SWIFT et du blocage d'une part importante des quelques 630 milliards de dollars (564 milliards d'euros) de réserves de la banque centrale russe.

Le rouble a chuté de plus de 30% lundi matin sur le marché des changes, inscrivant un nouveau plus bas historique face au dollar et obligeant la banque centrale à relever en urgence son principal taux directeur à 20%, contre 9,5% jusqu'à présent.

BP, qui était jusqu'à présent le principal investisseur étranger en Russie, a expliqué qu'il allait abandonner sa participation de 19,75% dans Rosneft, ce qui pourrait lui coûter jusqu'à 25 milliards de dollars et va réduire de moitié ses réserves exploitables de pétrole et de gaz.

Ce désengagement soudain met sous pression d'autres grandes entreprises occidentales présentes en Russie, parmi lesquelles le français TotalEnergies, deuxième actionnaire de Novatek, ou le britannique Shell.

Equinor, contrôlé par l'Etat norvégien, a annoncé qu'il allait commencer à sortir de ses coentreprises en Russie. Dimanche, le fonds souverain norvégien, le plus important du monde, a fait savoir qu'il cèderait tous ses actifs russes, qui représentent environ 25 milliards de couronnes (2,5 milliards d'euros).

Le constructeur allemand de poids lourds Daimler Truck va quant à lui geler sa coopération avec le russe Kamaz, a rapporté le quotidien économique allemand Handelsblatt lundi, ajoutant que Mercedes-Benz Group étudiait la possibilité de céder rapidement ses 15% de Kamaz.

Daimler Truck n'a pas pu être joint dans l'immédiat et un porte-parole de Mercedes-Benz a simplement déclaré que les activités du groupe devraient être réévaluées à la lumière des derniers événements.

SOCIÉTÉ GÉNÉRALE, RENAULT ET FINNAIR SANCCTIONNÉS EN BOURSE

L'exclusion des grandes banques russes de SWIFT va parallèlement rendre une présence en Russie pratiquement impossible pour les banques et les groupes de services financiers occidentaux, faute de pouvoir valider rapidement des transactions.

Cette perspective explique la chute du cours de Bourse de nombreuses sociétés concernées à l'ouverture des marchés lundi matin, qu'il s'agisse de Société générale (-10,93%), propriétaire de Rosbank, ou de Renault (-8,90%), qui contrôle Avtovaz, la maison mère de la marque automobile Lada.

La compagnie aérienne finlandaise Finnair chutait quant à elle de 21,86%, le risque d'une fermeture totale et prolongée de l'espace aérien russe l'ayant obligé à renoncer à ses objectifs de résultats financiers.

Aux Etats-Unis, les géants de la messagerie express et de la logistique UPS et FedEx ont déjà annoncé qu'ils interrompaient leurs services à destination de la Russie comme de l'Ukraine.

Le loueur d'avions BOC Aviation a expliqué pour sa part que les sanctions décidées par l'UE, qui l'obligent à mettre fin à toutes les locations d'appareils à des compagnies russes avant le 28 mars, affecteraient la majeure partie de sa flotte actuellement en exploitation en Russie.

Selon le cabinet spécialisé Cirium, sur les 980 avions civils actuellement en service en Russie, 777 sont loués, dont 515 à des sociétés étrangères.

(Reportage Ron Bousso et Dmitry Zhdannikov à Londres, Foo Yun Chee à Bruxelles, Jamie Freed à Sydney; version française Marc Angrand, édité par Blandine Hénault)